Damian, Patricia, Alex, Carol, tous anciens hippies, se retrouvent, en compagnie de leur progéniture, dans la maison de Max, lequel est resté fidèle au mode de vie du mouvement des 60´s et 70´s. Au programme : des retrouvailles, des repas, des projections de vieilles vidéos et aussi des conflits intergénérationnels.
Seventies, les montagnes ibériques abritent de jeunes gens vivant en communauté avec leurs enfants. Reclus sans être solitaires, Max, Patricia, Carol, Damian et Alex ont choisi de mener une existence à l´écart des règles de la société, s´inscrivant ainsi dans le mouvement hippie. Les années ont passé et les chemins se sont séparés jusqu´au jour où Max, seul à s´être rallié à ses convictions de jeunesse, les invite à séjourner dans sa demeure rurale, lieu de repas baignés dans une atmosphère de discorde et d´une réunion autour des vidéos de jeunesse des parents, souvenirs qui va faire l´objet d´un remake de la part des enfants.
Comme l´indique d´emblée son titre, Remake est un film qui fonctionne autour de la notion de cycle. La jeunesse a beau se confronter à son ascendance, rejeter les valeurs de cette dernière et en ériger d´autres. Mais, au final, elle dégringole sur cette même société, peu reluisante, pleine d´égoïsme. Tel est le constat d´échec que tente de mettre en exergue le film de Roger Gual, réalisateur qui a lui-même grandi parmi les adeptes du << Flower Power >>. Son premier long métrage s´attarde sur Alex et ses comparses, anciens hippies, perçus par leurs enfants comme des êtres déchus. Victor, la trentaine, ne cache pas son désappointement face à ses parents dont l´idéalisme s´est effrité sans résistance au fil du temps. Le jeune homme leur reproche d´être devenus l´antithèse de ce qu´ils valorisaient autrefois plus par mode que par conviction d´ailleurs. Exit leurs tenues psychédéliques, leurs cheveux longs et hirsutes ainsi que leur mode de vie écolo. A la place : la société de consommation triomphante, avec son lot de stress, sa quête du confort au mépris de l´environnement et ses portables aux sonneries dissonantes au milieu d´un décor bucolique.
Si le liquide s´écoule inéluctablement au fond de la clepsydre, finalement, la société n´en demeure pas moins la même selon le réalisateur. L´itération est au coeur de son long métrage. Mais l´immobilisme aussi. Car la chronologie linéaire ankylose lourdement le rythme du film. Ce dernier opère certes un retour sur le passé via la projection de vidéos capturant les souvenirs de la période hippie d´Alex et de ses amis, mais il apparaît très succinct et s´accompagne d´images engouffrées dans les clichés, à l´instar des propos des personnages. Ainsi Laura tient la parlote à Max en proférant des poncifs sur l´humanité tandis que son petit ami Victor passe son temps à errer avec ses deux amis singeant père et mère hippies. Le jeune homme n´a également rien d´autre à faire que de geindre comme un marmot et de déblatérer un discours oiseux sur la société que lui ont léguée ses parents. Désespéré par sa quête du travail infructueuse, Victor tient un discours qui flirte le plus souvent avec paresse et caricature, accusant ses géniteurs d´être responsables de tous les maux de la société actuelle.
Les personnages de la génération précédente ne sont pas non plus très scintillants. Figure de contraste puisqu´il est le seul à avoir suivi le mouvement hippie, Max aurait pu éveiller un intérêt et soustraire le film de sa torpeur mais, très vite, il est édulcoré par le drame pour n´être relégué qu´au simple statut de figurant amorphe et pâlot. Damian et Patricia, les parents de Victor, sont, eux aussi, habités par une apathie hélas diffuse dans la quasi totalité du film, film qui pèche également dans la mise en place des relations de ses personnages, complètement disloqués les uns des autres.
Rigide dans sa facture et cossard d´un point de vue scénaristique, Remake s´avère aride malgré la richesse potentielle des thématiques que présentait son canevas.