Pour un instant la liberté

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Les bons sentiments ou les bonnes intentions ne font peut-être pas les meilleurs films. Malgré une ou deux séquences fortes, << Pour un instant la liberté >> reste dans l´illustratif, la démonstration, le formatage du film à message.

Un film « à cause » (ici, celle des sans-papiers) n’est pas un film engagé. Les personnages deviennent des cas, les dialogues des arguments, les séquences des discours. La fiction ne se suffit donc t-elle pas à elle-même ?

L’intention était sincère : le réalisateur, lui-même enfant d’immigré, voulait retracer des parcours emblématiques d’Iraniens en route pour l’Europe. Il a donc choisi différents personnages représentant chacun un « type » d’immigré clandestin : une famille père-mère-enfant, des jeunes gens en mal de liberté, des enfants, un vieil homme, un jeune professeur. Tous ont en commun le désir de quitter un Etat répressif et liberticide. Le casting a d’ailleurs été ardu : il a fallu trouver des acteurs immigrés parlant parfaitement la langue de leur pays d’origine, et qui acceptent de participer à une critique du régime iranien (ce qui signifie abandonner toute chance de retour). Autant Persepolis mettait un peu de fantaisie subtile et de folie douce dans le traitement de ce sujet, autant Pour un instant la liberté s’attache à décrire les conséquences politiques et sociales de ces vagues de réfugiés iraniens. Cela offre au moins l’avantage, comme un téléfilm de bonne facture, d’informer le spectateur non averti sur les conditions de vie terribles des sans-papiers : pour un statut de réfugié obtenu, combien risquent leur vie en terre étrangère, pauvres et exclus d’une forteresse Europe qui ne veut pas d’eux ? Le film aborde notamment un aspect méconnu des risques encourus par les sans-papiers : l’implantation des services secrets iraniens, qui guettent les immigrants sur place afin de les torturer.

Le choix d’établir un équilibre entre traitement humoristique et tragique est assumé. Malheureusement, n’est pas Roberto Benigni qui veut, qui nous fit rire dans La vie est belle. Aussi les séquences censées être comiques mettent-elles mal à l’aise : comme cette scène où le jeune professeur, affamé, attrape et dévore un cygne repéré en plein centre-ville sur un étang. Les dialogues sonnent faux, la situation paraît abracadabrantesque. Le réalisme poétique a ceci de curieux qu’il rend artificiel des plans qui auraient pu être d’une vérité intense. Le refus de l’esthétique documentaire aurait pourtant pu ici se justifier : accessibilité du langage cinématographique, volonté d’émouvoir le spectateur pour le rallier à une cause, pas d’esthétisation d’une violence brute, pas de fascination exacerbée pour le « vrai », pas de risque de tomber dans l’impudeur. Néanmoins, on reste sur un arrière-goût de recette hollywoodienne : un zeste d’humour, un zeste de mélodrame, un zeste d’émotion, et pour finir, une trame dramatique entrecroisée de destins parallèles aux bouleversements téléphonés.

     

En définitive, Pour un instant la liberté a pour lui d’oser une veine mélodramatique sur un sujet politiquement sensible. Il se met aussi du côté des immigrés clandestins, dont les désirs d’Europe apparaissent dans toute leur logique : ils viennent y chercher des Etats plus respectueux des droits de l’homme et des libertés individuelles. Mais l’exil est toujours une douleur profonde. C’est sans doute cela qui lui a valu d’être primé dans beaucoup de festivals.

Titre original : Pour un instant, la liberté

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Durée : 110 mn


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