En dépit de ces qualités, Nahid ne parvient pourtant pas à convaincre. Le film souffre d’abord d’un problème de rythme : faute de réelle évolution dans les relations entre les personnages, l’intrigue ne progresse que dans son dernier tiers. Les bonnes intentions de la réalisatrice s’enferrent dans un scénario assez prévisible, trop porté sur le pathos, entretenu par des artifices comme une scène de règlement de comptes subi par Ahmad qui n’apporte rien à l’intrigue.
L’absence de recul dans la mise en scène de cette oppression – soulignée par une atmosphère grise et nuageuse – est regrettable. Contrairement à Une Séparation, qui parvenait à créer une tension dramatique basée sur la dissimulation et le mensonge, tout est ici très direct. La thèse initiale n’est jamais dépassée et enlève tout charme à la narration puisqu’elle s’appuie sur des personnages caricaturaux pour illustrer un propos que les dix premières minutes auraient suffi à exposer : à Nahid accablée et soumise en permanence à des choix extérieurs (de sa famille, de son mari, des instituions locales) s’oppose Ahmad, ex-drogué violent et impulsif.
A tel point qu’on peut se demander si la cause des femmes iraniennes est vraiment servie par ce film, où un personnage principal relativement indécis et vénal (« l’argent te brûle les doigts », remarque son amie ; « comment as-tu pu dépenser 1,5 million en deux mois ?», demande son mari) semble reprendre certains clichés misogynes. Le beau rôle revient finalement à Masoud, amant attentionné et riche, toujours calme. Un honnête homme respectable qui préfère tout de même que sa femme arrête de travailler, et reste à la maison pour cuisiner un poulet au riz à sa fille.