Modern Love

Article écrit par

L´idée du << film dans le film >> aurait pu être l´occasion d´une réflexion pertinente sur la comédie romantique et les imaginaires amoureux. Dommage que Modern Love se cantonne à l´exercice de style.

« Ma vie n’est pas une comédie romantique ». Le titre du film de Marc Gibaja sorti en 2007, aurait parfaitement convenu à celui de Stéphane Kazandjian. Modern Love, sa première comédie romantique, s’articule en effet autour de l’opposition de deux univers : celui de « la vraie vie » et « du film dans le film ».

Trois couples, trois histoires d’amour. La première est celle de l’indécis Eric (Pierre François Martin-Laval), scénariste et auteur de la seconde, dont les héros chantants, Vincent (Stéphane Rousseau) et Marianne (Alexandra Lamy), jouent les Harry et Sally français. La troisième histoire, celle qui donne son équilibre au film, suit Elsa (Bérénice Béjo), nourrit depuis toujours par les comédies romantiques, qui s’est promise de ne s’engager qu’avec l’homme idéal qu’elle s’est construit.

Le lien entre les trois se fait rapidement. Modern Love est le titre du magazine que Vincent dirige, mais aussi du film dans le film, dont il est le héros. En tant que comédie romantique typique, celle-ci débute par une rencontre improbable, se poursuit en tenue de soirée, et s’achève sur un cheval blanc. Insérée en interludes musicaux du récit principal, l’histoire d’amour traduit implicitement les fantasmes et les idéaux des « vrais » protagonistes, Elsa et Eric. Si cette fiction dans la fiction permet de plaisanter sur les clichés (généralement) véhiculés par ce genre cinématographique, difficile d’y trouver la réflexivité nécessaire à un début de parodie critique.

De leur côté, les aventures d’Eric et d’Elsa, censées « refléter » les déboires sentimentaux de la génération élue favorite dans le monde des comédies romantiques : les trentenaires, peinent à tordre le cou aux lieux communs. Certes, une ébauche de questionnement sur l’adultère et l’homosexualité se dessine, mais elle intervient timidement. Les transgressions se cachent dans les personnages secondaires (la meilleure amie mariée d’Elsa, jouée par Valérie Karsenti, entame une liaison avec une femme). Tandis que seul « l’amour-toujours n’existe pas » occupe le premier plan. Disséminées dans le scénario sans réel retour critique, les références aux mythes du genre (Quand Harry rencontre Sally, Pretty Woman) respirent le réchauffé. Hormis quelques répliques claquantes envoyées par Elsa et Eric, le rire prend rarement le pas sur le sourire.

Décevant de par l’ambition qu’il s’était donné, à savoir passer au peigne fin un genre cinématographique qui peine en France, Modern Love reste un divertissement sympathique, rien de plus.

Titre original : Modern Love

Réalisateur :

Acteurs : , , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 90 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.