Los Lobos

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Cette simple histoire se hisse au niveau des contes et des récits fondateurs.

Les loups n’ont jamais peur

Ce titre est bien sûr une antiphrase car les loups que nous voyons dans le film ne sont que de jeunes agneaux. Samuel Kishi Leopo, dont c’est le deuxième long-métrage après des études de cinéma à Guadalajara et des courts-métrages primés et une série, a choisi de filmer en Scope l’histoire d’une mère de famille qui arrive depuis le Mexique aux Etats-Unis avec ses deux petits garçons qu’elle appelle ses loups, tendrement, presque désespérément allant jusqu’à leur enregistrer des cours d’anglais et des consignes lorsqu’elle part le matin travailler et qu’elle les laisse seuls dans le minuscule appartement sordide qu’elle loue à un couple de Chinois. Il s’agit bien sûr de ses propres souvenirs, comme il le confesse dans le dossier de presse du film : « A cinq ans, je suis parti à Santa Ana, Californie, avec ma mère et mon frère dans le but de vivre une vie meilleure vie. Nous sommes partis avec très peu de choses dont un magnétophone portable. Tous les matins, ma mère nous laissait seuls avec pour seule distraction ce petit appareil où elle avait enregistré pour nous des histoires, des leçons d’anglais ou encore des règles domestiques. »

Un réel travail de scénario

Bien évidemment, tout le travail du scénario a été de s’éloigner le plus possible de ce souvenir d’enfance pour ne pas livrer que des souvenirs personnels, mais interroger la mémoire des réfugiés, en se basant d’abord sur les souvenirs de sa cousine photographe, puis surtout en écrivant un scénario avec l’aide de deux co-scénaristes, Luis Briones et Sofia Gomez-Cordova, afin de tout transformer. C’est ainsi qu’est né ce petit film mais qui en dit long, Los Lobos, superbement interprété bien sûr, mais aussi photographié par Octavio Arauz. Le film est d’une simplicité parfaite et c’est de là que naît son universalité. On suit les personnages dans leur vie quotidienne, sans pathos et sans recul. L’arrivée des trois en Californie, les dérives, les attentes, les déceptions qui se lisent dans les regards, puis en désespoir de cause l’acceptation de ce petit logement sordide que la mère va nettoyer et rendre non pas agréable bien sûr, mais habitable. C’est pourquoi il est important ici de nommer les acteurs : Marth Lorena Reyes sublime dans le rôle de la jeune maman, et ses deux enfants Maximiliano Nájar Márquez et Leonardo Nájar Márquez, deux frères qui à l’écran porteront les mêmes prénoms, puisqu’ils seront Max et Leo.

Vers une fin d’une portée mythique

Le film tourne autour des deux enfants dans leurs longues journées de solitude dans cette sorte de petit motel. Ils n’ont pas le droit de sortir dans la cour, mais peu à peu ils y viendront pour rencontrer d’autres enfants, se faire maltraiter, voler, mais surtout rencontrer enfin Madame Chang, leur logeuse, qui deviendra peu à peu comme une sorte de baby sitter, puis de mamie et enfin d’amie. La vie se décline ainsi par la fuite des jours, les allers et venues de la mère nourricière, l’ennui angoissant qui pourrait s’emparer des enfants, et puis l’espoir qui emporte tout vers une fin magnifique que nous ne dévoilerons pas et qui donne tout son sel à ce petit film qui pourrait devenir grand et marquer les esprits à une époque où la solidarité semble avoir pas mal de plomb dans l’aile, et pas seulement aux Etats-Unis.

 

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Durée : 95 mn


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