Galilée, Copernic et Kepler : le triumvirat infernal tant redouté par l’Eglise catholique. Trois grands scientifiques qui sont parvenus à combattre la superstition et à remettre en cause la manière dont l’Eglise a interprété les Saintes écritures à son profit.
Là où l’Eglise redoute en ces nouvelles théories scientifiques une manière de nous éloigner de Dieu, Kepler non seulement s’en rapproche, mais également s’y réfère. Le célèbre astronome sait pertinemment que seul une part infime de l’espèce humaine aura la prudence et l’humilité de ne pas réfuter l’existence d’une intelligence supérieure. Pourtant, malgré cette attitude pleine de sens et de respect, Johannes Kepler investi par l’Empereur Rodolphe II, de la voute céleste, se voit pressé par l’Eglise, la cour impériale et une princesse, de trouver une réponse aux mystères de ce ciel infini qui surplombe une Europe en proie aux guerres de religion. Et si possible, une réponse en phase avec le dogme en vigueur.
Pour prévenir toute spéculation ou théorie qui irait à contre sens du message de l’Eglise, la mère de Johannes Kepler est accusée de sorcellerie. Une trame scénaristique bien trouvée, qui correspond bien à la véracité historique. Loin de se laisser submerger par ses émotions Johannes Kepler, à qui l’excellent Denis Lavant prête ses traits, n’en finit pas d’émerveiller et d’instruire les curieux qui viennent à son encontre. En cela, il confirme son rôle de guide de l’esprit humain et de génial scientifique. Mais cet oiseau de la nuit n’en finit pas d’être acculé. Comme pour appuyer les nombreux témoignages qui accusent sa mère, l’œil de l’astronome dépérit. Punition divine ? Surmenage ? Cela n’empêchera pas Kepler d’affirmer seul contre tous que la terre et toutes les planètes du système tournent autour du soleil, et non l’inverse, en ne décrivant pas des cercles parfaits, mais des ellipses.
L’Oeil de l’astronome peut se targuer d’avoir été filmé à l’aide d’un appareil photo numérique. A l’arrivée une image propre et très nette mais qui a bien du mal à nous convaincre que l’action du film se situe en 1610*. Un film au budget plus confortable tourné en pellicule, tel qu’Agora d’Alejandro Amenábar, a plus de crédibilité. Notons que L’Oeil de l’astronome, à l’instar d’Agora, soulève également de nombreuses et passionnantes questions.
Stan Neumann s’épargne ainsi le luxe d’une retranscription très gouteuse de l’époque pour donner à son film des airs de pièce de théâtre et de conte, grâce aux performances technique de son appareil photo, du talent de ses acteurs et enfin de l’efficacité de son scénario. Une première œuvre qui s’en sort avec les honneurs en exploitant dignement les moyens qui sont les siens.
* Combien de temps encore nous faudra-t-il patienter pour que la pellicule et le numérique s’unissent pour nous fournir une image digne de ses deux supports ? Notre œil va-t-il se résoudre à s’habituer à une image aussi nette et si artificielle ? Vaste débat.