Graveson, un charmant petit village du Midi de la France, avec ses joueurs de pétanque dont l’accent fleure bon la Provence. Quatre amis farfelus en camping sauvage aux abords du village se retrouvent mêlés à l’organisation d’une compétition sportive et doivent faire face à une série de mésaventures rocambolesques, entre quiproquos, gags absurdes et courses-poursuites…
Les Fous du stade, que nous propose Pathé dans une édition de qualité, constitue la deuxième collaboration du quatuor comique avec Claude Zidi, après l’immense succès des Bidasses en folie un an auparavant. Tourné en 1972, ce long-métrage reprend ainsi les Charlots (Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Fillipelli, Jean-Guy Fechner), sauf un de ses membres, Luis Régo, souhaitant se diriger vers d’autres voies artistiques. D’abord connus sous leur nom de Problèmes, les Charlots se firent connaître en tant que musiciens de première partie de concert au mitan des 60’s auprès des Rolling Stones, de Johnny Hallyday, tout en rencontrant des réussites par leurs chansons parodiques (Merci Patron), en devenant des Beatles ou des Monkees hexagonaux. Philippe Clair, en 1970, flairant leur talent de comédiens, les engage aux côtés de Francis Blanche dans La Grande Java, œuvre qui les lancera cinématographiquement et qui leur donnera l’occasion de rencontrer un jeune cadreur et directeur de la photographie nommé Claude Zidi. Ce dernier, au cours des années suivantes, tournera quatre films avec nos joyeux drilles, dont ces Fous du stade, satire du monde sportif et de l’élan parfois immodéré de la population gravitant autour des compétitions olympiques.
De bidasses, nos compères deviennent athlètes, un peu malgré eux, représentant une région et plus précisément un village aux abords duquel ils campent en toute insouciance. L’épicier de la localité, incarné par un Paul Préboist tout en mépris et opportunisme selon les individus et les circonstances, va tenter d’exploiter nos quatre héros après un accident survenu à son fils maladroit (Gérard Croce, somptueux dans sa niaiserie, sa veulerie, et sa maladresse), afin de mettre en place la cérémonie d’accueil des équipes sportives, et de la traversée de la flamme olympique. Par hasard, amour, et amitié, les Charlots se retrouveront impliqués dans les épreuves liées aux JO. En effet, le personnage interprété par Gérard Rinaldi, pour les beaux yeux et le sourire angélique de Délice, la bien nommée fille de l’épicier, relèvera le défi de remporter les jeux locaux, d’autant plus que Délice (agréable Martine Kelly) semble être très sensible au physique d’un athlète typé.
Les Fous du stade nous émerveillent les yeux et l’esprit par un feu d’artifices de gags surtout visuels, parcourant le film de moments ébouriffants via les comiques de caractère (Préboist, Croce, Kelly), de situation (la mise en place des banderoles, l’aubade municipale et ses dérives, et beaucoup d’autres instants drolatiques et cocasses tel ce saut à la perche), de gestes (la réparation par les Charlots de la statue qui d’originellement cubiste, devient une sculpture antique), de mots (noms, prénoms très originaux, phrases ambivalentes, les lettres constituant le mot fin), mais également de répétition (tel ce running gag des coups sur la tête du fils de l’épicier). Savamment mis en images par Zidi, le comique du film repose sur des oppositions sociales, ou selon le diptyque destruction/(re)création, des liens humainement variables, tenant compte des éléments (eau, feu, terre, air), des aliments, et des figures stéréotypées que nous retrouvons fréquemment dans cet univers (le barbon, l’amoureux benêt représenté ici par l’athlète, la demoiselle aux variations du cœur, l’entraîneur caricatural joué par le formidable Jacques Seiler).
Le spectateur se voit donc embarqué dans une folle équipée, en empathie avec ces mousquetaires du rire traversant avec bonheur des épreuves diverses réservant à chaque membre de ce groupe ses propres moments d’humour, tout en rendant hommage à Buster Keaton, aux Marx Brothers, au cartoons d’antan, dans un slapstick version 70’s, à l’instar d’un Richard Lester avec les Beatles, et post-68, avec cette insouciance et cette distance très amusées et particulières vis-à-vis du modèle sociétal (mariage, travail), que nous reverrons dans les films suivants au cours d’une décennie reine pour nos amuseurs fous mais non vulgaires.
Bénéficiant d’une restauration à vous couper le souffle (la définition, les couleurs, la piste son), le blu-ray de Pathé nous propose un supplément très intéressant, passionnant par endroits, de Vincent Chapeau sur la rencontre Zidi-Charlots et leur filmographie commune : une édition parfaite pour apprécier cette comédie.
Les Fous du stade (édition restaurée DVD/Blu-ray le 25 juin 2025 ; Pathé éditions)
DVD • 1.66 • 85 min
LANGUE : Français mono 2.0 • SOUS-TITRES : Sourds et malentendants
BLU-RAY • 1.66 • 88 min
LANGUE : Français mono 2.0 • SOUS-TITRES : Sourds et malentendants
Suppléments :
Zidi et les Crazy Boys : Entretien autour du film avec Vincent Chapeau (23min)