Les Amours Imaginaires

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Le jeune réalisateur Québécois Xavier Dolan revient à 21 ans avec « Les Amours imaginaires », film où se déchirent deux amis pour le même être aimé. De la confrontation des sentiments à l´imagination amoureuse, il n´y a qu´un pas…

C’est un abus de cigarettes fumées, d’efforts sans résultat, d’obsessions refoulées. C’est aussi la haine entre Marie (Monia Chokri) et Francis (Xavier Dolan), deux amis qui, pour l’amour d’un inconnu (Niels Schneider), mènent une lutte sans merci. C’est finalement un film sur l’amour, celui que l’on ne vit pas et qui pourtant nous envahit.

Après le très réussi J’ai tué ma mère en 2009 où Hubert Minel décidait de mener une lutte contre sa mère, Xavier Dolan revient pour traiter d’une seconde bataille, celle de l’amour. Peu importe l’adversaire, le combat s’avère corsé. Avec cette fois-ci un regard moins prononcé sur lui-même, le film étant parsemé de témoignages-anecdotes sur l’amour. On rigole donc, puis on admire.

La force de ce film réside dans sa construction. Enchaînement de plans serrés, ralentis abusifs, décors naturels et sauvages, acteurs sensibles et charismatiques, tout est créé pour laisser croire ou tout du moins imaginer les sentiments de chaque personnage (Marie, Francis et Nicolas).
S’ajoute à cette structure, qui rappelle celle de la Nouvelle Vague, des dialogues, voire monologues – on pense à une scène de Monia Chokri, plusieurs minutes sur un lit, la clope au bec, s’interrogeant sur l’amour – fins et subtiles. Et pour ne laisser aucune chance au spectateur de ne pas s’identifier au scénario, le film reprend Dalida, Bang Bang, qui avec sa voix puissante et son texte déchirant, nous plonge dans une envie d’aimer et d’être aimé.

Le réalisateur manie avec facilité ce trio constamment en interaction, en huis clos intime et pourtant si distant. Le film a manifestement manqué de temps et de moyens mais pourtant, la force de l’image, la spontanéité des dialogues et des interactions entre les personnages suffisent à lui donner un aspect rêveur, tendre, doux. Sélectionné dans la catégorie Un certain regard à Cannes 2010, le film donne une fois encore plusieurs rôles à Xavier Dolan : réalisateur, acteur, producteur et scénariste.

Les Amours Imaginaires pourrait être un livre, que l’on ouvre discrètement, ou bien un journal intime auquel on se confie. Trois personnages, trois amours similaires et très différents. Entre hommes, entre homme et femme, entre amis. Bien sûr, une fois encore, Xavier Dolan donne à voir son vécu, son intime, sa vision de l’amour impossible. Mais quelque part, difficile de ne pas être admiratif devant un montage parfaitement maîtrisé, des séquences justes et fortes, une beauté de l’image flagrante.

Si Niels Schneider (Nicolas dans le film) est souvent comparé à Louis Garrel, c’est bien ce dernier qui sera à l’affiche du prochain long métrage de Xavier Dolan. Accompagné du réalisateur et de l’actrice Monia Chokri (Marie dans Les Amours Imaginaires), le film aura pour titre Lawrence anyways. L’histoire d’un homme en couple, qui souhaite changer de sexe. Un autre sujet sensible et intime que nous sommes donc impatients de découvrir.

 

Voir l’interview des acteurs dans le Laboratoire cette semaine.

 

Titre original : Les amours imaginaires

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Durée : 85 mn


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