Mélanie Laurent choisit de centrer son premier long métrage autour d’une famille décomposée, recomposée et à composer, où les liens du sang se mélangent avec les liens du cœur. Une famille à forte consonance féminine se retrouve bousculée par l’arrivée d’un gentilhomme. Denis Ménochet tombe amoureux de Marie Dénarnaud, installant des tensions entre les autres membres de la troupe, interprétées par Clémentine Célarié et donc Mélanie Laurent. Un événement tragique et imprévu traverse le film, forçant tous ces protagonistes à devoir se comprendre et fatalement apprendre à s’aimer. Les Adoptés se veut émotif, introspectif et sensuel. Malheureusement, la réalisatrice annule ces effets en montrant des personnages en pleurs pendant la totalité du film. Cet aspect tire-larmes instaure un sentiment de gêne permanent et empêche réellement de voir son contenu et son propos, jusqu’à la séquence finale jusqu’au-boutiste, présentant un accouchement dans le coma. Certes, l’œuvre est esthétiquement léchée, justement interprétée, mais n’échappe pas à une certaine superficialité, alourdie par les rebondissements de l’histoire. Les pistes de réflexion sont trop approximatives pour équilibrer le ressenti : la complexité des rapports familiaux, les conséquences des aléas de la vie et de ces rencontres, la puissance des sentiments, la peur de l’engagement sont évoqués sans grande profondeur.
Malgré cela, Mélanie Laurent a fait un film appliqué et cohérent. Après tout, ce n’est qu’un premier long métrage et c’est déjà pas mal. Il n’est cependant pas aisé de dissocier du reste du parcours de la néo-réalisatrice, expliquant peut-être le manque de prise de risque, de folie et d’imprécisions géniales qui auraient pu mieux valoriser ces Adoptés. Interrogée sur son implication personnelle dans l’histoire de son film (puisqu’elle y chante…), elle explique : « Au moment où j’ai écrit le personnage, il y a quatre ans, je ne savais même pas que je chanterais un jour. » Le talent et l’envie peuvent-ils sublimer l’absence avouée et assumée de vocation ? Comment accorder alors de la crédibilité ? L’opportunité (et non pas l’opportunisme) doit-elle forcément être consommée ?