Mélo, thriller, romance, surnaturel ou film à thèse…Voici les genres dans lequel s’inscrit L’audition, première réalisation de l’acteur québécois Luc Picard. La multitude de registres ne serait pas un défaut si elle était maîtrisée et subtilement agencée. Malheureusement, à vouloir en faire trop, ce long-métrage perd en cohérence et en crédibilité. Aucun genre ne parvient à affirmer son identité et s’harmoniser avec l’histoire générale.
Louis, 40 ans, est un homme de main travaillant pour des usuriers et des mafieux. Grâce à une cousine, il va pourvoi réaliser son rêve : devenir acteur. Pour cela, il devra passer la fameuse audition dont la scène est bien particulière : un père lisant un déchirant message d’adieu à son fils. Coaché par un autre comédien, il la répète sans le dire à sa compagne, Suzie. Celle-ci, de son côté, cache qu’elle est en enceinte.
Fondé sur la trame des difficultés amoureuses d’un couple atypique, lui « collecteur » et elle serveuse, L’Audition glisse progressivement dans le cocasse, le film meurtrier et la réflexion existentielle. Comme pour compenser l’excès de registres, le réalisateur a choisi d’interférer le destin de Louis avec celui de plusieurs personnages tout aussi pittoresques. Mais la confidente, l’acteur beau gosse, le complice abruti et hystérique, n’échappent pas aux archétypes et leurs interprétations restent trop souvent dans l’outrance pour les rendre attachants.
Les maladresses et l’abondance de clichés ne suffisant pas, le réalisateur impose également un flot d’artifices visuels et d’effets sonores : ralentis, musique, larmes… Petit à petit, ces éléments endommagent les scènes et les emprisonnent dans un pathos inutile. Ce choix de fioritures retarde également le plaisir de voir naître l’émotion, d’en être capter et séduit. L’acteur n’est plus qu’une image vide et lisse, jouet factice d’une réalisation sous forme de subterfuge.
Cette déception est amplifiée car un travail un travail minutieux de réalisation et d’un scénario recherché mais inabouti sont évidents. L’audition que doit passer Louis s’avère être la preuve de son engagement et de sa rédemption. Présent du début à la fin, un cycle se forme, d’autant plus intéressant qu’il traverse le temps par écran interposé.
Au final, le mélange des genres et pathos outrancier rendent le film superficiel et cliché. Au final, Luc Picard passe à côté de sa réflexion initiale : la paternité et le métier d’acteur.