L’Armée du crime

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L´Armée du crime retrace l´histoire d´un groupe de résistance communiste étranger, << le réseau Manouchian >>, qui perpétra sous l´occupation allemande de nombreux attentats afin de libérer Paris.

Sous l’Occupation, à Paris, Missak Manouchian, Arménien exilé, se voit confier la création d’un groupe de résistants. Mais ce dernier hésite, réticent à l’idée de tuer. Les circonstances l’amèneront à transgresser son éthique. Sous son impulsion, le groupe se structure et planifie ses attentas. Le réseau Manouchian est né. Le film retrace l’histoire de ce groupe, de sa formation à son exécution en 1944. Le titre correspond au nom donné au groupe par la gestapo sur une affiche de propagande, afin de le discréditer… ce qui produira l’effet contraire, puisque pour toute la résistance, il deviendra l’emblème du martyr.


 
La scène d’exposition ouvre le film par sa fin. Les résistants y sont emprisonnés et emmenés. Tout l’intérêt va être d’expliquer comment ils en sont arrivés là. Pour y parvenir, le réalisateur, Robert Guédiguian, s’intéresse plus aux personnages et à leurs motivations qu’à la trame historique. Dans son souci d’être au plus près d’eux, il nous dépeint l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus beau mais aussi de plus cruel. D’un coté, les résistants qui se battent pour le pays des droits de l’homme et de l’autre, les policiers qui collaborent avec les Allemands, commettant les pires atrocités pour arriver à leurs fins. Cela fait certes un film très manichéen, mais n’empêche pas l’amour d’être omniprésent. C’est même le moteur des héros : l’amour de leurs proches, de leur pays, de leurs origines et de leurs convictions. C’est cet amour qui donne à ces hommes et à ces femmes la force et le courage de sacrifier leur vie pour un pays qui les a accueillis. Malheureusement, ce film choral va parfois se perdre dans ce « trop plein » de personnages. En effet, certains disparaîtront pour ne réapparaître qu’à la fin, ce qui n’empêche heureusement pas de s’attacher aux principaux protagonistes.

Bien que les faits se déroulent en temps de guerre, L’Armée du crime n’en reste pas moins pacifiste. L’exemple le plus marquant est donné par le chef du réseau lui-même, Missak Manouchian (joué par le très bon Simon Abkarian). Poète arménien émigré, ce pacifiste convaincu va être confronté à un véritable dilemme, puisque pour libérer cette France qu’il aime tant, il sera amené à faire couler le sang. Revenant sur les lieux de l’attentat qu’il vient de perpétrer en faisant sauter à la grenade une patrouille allemande, il regarde avec dégoût les corps calcinés. En pleurs, il confessera alors à sa femme : « Je suis devenu un vrai combattant ». Mais finalement, comme le dit très justement Robert Guédiguian : « La violence ne vient jamais de l’opprimé. Celui-ci devient violent quand l’oppression est violente… ». Un des personnages dira « On tue parce-qu’on est partisan de la vie ». Voici toute la contradiction du film et des personnages.

Après s’être attaché et identifié à ces héros, on s’attend à ce que leur arrestation et leur exécution noue le ventre et fasse monter la larme à l’œil. Que nenni ! On en arrive au point noir du film : sa fin manque cruellement d’émotion. Le réalisateur fait le choix de ne pas montrer l’exécution, laissant un profond sentiment de frustration.

Mais L’Armée du crime, malgré ses défauts, est un film à voir, offrant à chaque génération un témoignage à la résonance certaine. Ces Hongrois, Polonais, Roumains, Espagnols, Italiens, Arméniens ont sacrifié leur vie pour ce pays qu’ils considéraient comme le leur : la France, c’est eux, c’est nous. La liberté n’a pas de frontières. Winston Churchill à dit : « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Il ne tient qu’à nous de ne pas l’oublier.

Titre original : L'Armée du crime

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Durée : 139 mn


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