Koko-di koko-da

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Cette comptine conduit inexorablement au cauchemar et à la tragédie.

Le coq ne chantera plus

En s’inspirant d’une comptine française, apparemment plus connue en Suède et au Danemark qu’en France, qui raconte l’histoire d’un coq qui ne chante plus parce qu’il a été tué, Johannes Nyholm a construit un film étrange basé sur la répétition et l’envoûtement comme pour reprendre l’utilisation des comptines dans l’univers enfantin. Il rend ici hommage, peut-être sans le vouloir vraiment, à Lheure du loup, ce film aussi étrange et onirique que son compatriote, Ingmar Bergman, avait réalisé en 1968. Comme ce dernier, Koko-di Koko-da est structuré comme un rêve, ou plutôt comme un cauchemar, dans lequel un couple va être confronté à diverses expériences horribles lors de diverses séances de camping dans une nature hostile, et attaqué par un trio d’humains sinistres, d’un chien et d’un chat blanc repris au décor rétro d’une vieille boîte à musique trouvée par une petite fille lors d’une balade qui vire au tragique. L’angoisse ici ne naît pas seulement de la situation, mais surtout de cette répétition qui, comme dans les pires cauchemars, enferme le rêveur – ici le spectateur – dans des situations répétitives desquelles il ne peut s’évader, se réveillant au matin complètement meurtri et angoissé.

 

 

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant… »

Bien avant The Giant réalisé en 2016 et qui a fait connaître le réalisateur, Johannes Nyholm a commencé à préparer ce dernier film en 2011 avec une petite production et, donc, une équipe restreinte. « Il a été inspiré par beaucoup d’éléments, déclare-t-il, à commencer par les relations amoureuses dans lesquelles j’ai été ou que j’ai pu observer autour de moi. » Comme The Giant, ce dernier film propose aussi une sorte de radiographie de la société danoise, mais pas seulement. Il y a dans cette structure narrative de Koko-di Koko-da quelque chose de tellement personnel qu’on n’a pas de mal à croire le réalisateur lorsqu’il avoue que le film vient d’un rêve récurrent qu’il faisait souvent. « Je me trouvais dans un état intermédiaire, confie-t-il au dossier de presse du film, entre conscience et sommeil lorsque j’ai écrit le scénario, au beau milieu de la nuit. J’étais parti faire du camping, la voiture se trouvait à côté de la tente et j’ai vu le film se dérouler sous mes yeux. Les rêves ont une structure dramaturgique bien plus intéressante que celle si prévisible qu’on vous enseigne dans les écoles de cinéma. »

Retour au surréalisme

Cet emprunt au rêve propose un retour au surréalisme qui est très intéressant au moment où le cinéma aurait la fâcheuse tendance à s’uniformiser, à se standardiser et à s’affadir. La structure narrative circulaire du film fonctionne comme la comptine pour enfants censée les endormir et qui, au contraire, les envoûte et les angoisse en leur proposant un monde enfermant et labyrinthique où les espoirs et les lumières sont absentes, comme si les personnages ne pouvaient pas échapper à leur destin. Du coup, ce rêve surréaliste conduit à la tragédie et au fatum. C’est sûr qu’on partira moins facilement faire du camping sauvage dans les bois maintenant… Présenté cette année à « L’étrange Festival » de Paris, ce film devrait remporter sans doute au moins le prix de l’angoisse.

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Durée : 86 mn


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