De cette association contre-nature (le Juif et l’Arabe) adviennent la puissance du roman de Romain Gary et aussi la démonstration "idéaliste" réussie du film de Khasin, ce dernier affirmant dans le dossier de presse avoir "voulu simplement montrer que l’humanité peut surmonter sa haine".
Pourtant, l’histoire commence mal lorsque Ali débarque du Liban avec ses parents dans cette cité de la banlieue berlinoise. A cause d’une fuite d’eau qui se déverse dans son nouvel appartement, Ali découvre que son voisin du dessus est juif. Sa réaction, quasi-hystérique, semble un brin surjouée, quand bien même son père lui aurait appris depuis sa plus tendre enfance que le "Juif" est infréquentable, que l’on ne doit même pas lui adresser la parole. Tout le film de Khasin malgré une grande justesse par instants va malheureusement pâtir de ce côté démonstratif. Après l’acte fondateur de l’histoire – le saccage de l’appartement d’Alexander par Ali est ses copains -, il est clair que nous nous dirigeons vers l’éclosion d’une grande amitié… pourtant très mal partie. Le déroulement de l’intrigue ne semble pas vouloir nous offrir de surprises majeures, ni de rebondissements, dans cette marche en avant vers la réunion de deux êtres que tout oppose, même si l’on rit par moments et que le réalisateur parvient à faire surgir une réelle émotion ici ou là. En somme, l’histoire est un peu téléphonée. Nous connaissons d’avance le milieu et la fin – nonobstant la belle présence des deux protagonistes.
Cela dit, s’il manque à Kaddish pour un ami indéniablement une complexité dramatique, le réalisateur a bel et bien délivré le message qu’il voulait nous transmettre. Cette morale simple, que d’aucun qualifieront d’utopique, presque sotte tellement elle relève du rêve, tient eu deux mots : Paix et Amour.