Jackpot (What happens in Las Vegas)

Article écrit par

Condamnés à six mois de mariage forcé, un homme (Ashton Kutcher) et une femme (Cameron Diaz) passent les meilleurs moments de leur vie dans une comédie on ne peut plus ratée.

Impossible de ne pas reconnaître les deux grandes qualités mises en œuvre dans Jackpot tant le film les met continuellement en valeur : le dynamisme y est roi, l’absurdité reine. Le récit est effréné : les scènes s’enchaînent à toute vitesse, les acteurs font preuve d’une excentricité spectaculaire ; l’humour est décalé, déjanté, parfois grotesque, parfois vulgaire. Le film exprime un état d’esprit festif, enjoué et farceur. La richesse des moyens employés donne une idée de la ferveur avec laquelle les membres de l’équipe se sont efforcés de bannir les termes « mesure » et « ennui » de leur vocabulaire.

Pourtant, à l’instar du couple mis en scène, les caractères dynamiques et absurdes ne s’accordent en réalité pas. Ils ne font pas bon ménage. Le dynamisme semble en effet tuer l’absurdité, et l’absurdité à son tour tuer le dynamisme. Les scènes se contentent de prolonger telle situation comique, tandis que ces mêmes situations alourdissent le scénario de passages bien trop prévisibles et finalement répétitifs. En creusant toujours dans les mêmes sillons, le film juxtapose les séquences comme s’il s’agissait d’épisodes détachés les uns des autres, entre lesquels ne manquent que les coupures publicitaires. C’est que, s’assimilant à un long sitcom, Jackpot se situe plus loin du domaine du cinéma à proprement parler, que de celui de la télévision. La quasi omniprésence de la musique pop rappelle de son côté le type de programme propre à MTV.

Directement formaté en vue de sa diffusion télévisuelle, Jackpot s’insère dans un carcan creux, socialement et politiquement correct. L’essentiel des gags repose sur des convenances établies, des clichés, du déjà vu. Après avoir présenté dans une première partie un Las Vegas merveilleux et féerique, une sorte de spectacle son et lumière ; le reste du film – contrairement à ce que le titre original propose – se déroule à New York. Dès lors, Jackpot accumule les stéréotypes dont on se serait bien passé : obligés de vivre ensemble, les deux personnages font la découverte de leur différences élémentaires. L’homme est tel car il s’avère désordonné, la femme en est bien une puisqu’elle fait preuve, elle, de méticulosité. Les protagonistes tombent par la suite amoureux l’un de l’autre et le récit, dans une troisième partie, bascule dans un discours sentimental et mielleux, avant de se conclure sur l’image d’un baiser langoureux, devant un fond de carte postale. Tout un programme.

Le malheur de Jackpot, c’est de se complaire à ce point dans le manque d’originalité. Standardisé et prémâché à l’extrême, le film de Tom Vaughan finit par passer à côté de son objectif principal : faire rire.

Sortie le 7 mai 2008

Titre original : What Happens in Vegas

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Durée : 100 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…