Il Giovedi

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Risi ne croit plus dans cette histoire d’illumination et abandonne la partie pour aller vaquer vers d’autres occupations.

Dino Risi fut surnommé le prince de la comédie italienne. Il aurait pu devenir psychiatre, il s’est tourné vers la critique cinématographique pour se retrouver finalement derrière une caméra. Suivront quelques titres mémorables qui continuent de hanter chaque génération, les pauvres, les beaux, des monstres, des fanfarons et certaines poules. Risi a embelli les maux de la commedia dell’arte et les a installé dans une dynamique de notre siècle, celle des grandes guerres, de la Shoah et du libéralisme économique. Petit prince de la comédie ? Oui, mais avec quelques relents dramatiques.

Il Giovedi est une œuvre méconnue et inédite en France qui se situe entre Le Fanfaron (1960) et Les Monstres (1963), quelque part durant l’âge d’or de la carrière de Dino Risi. L’histoire, basique, celle d’une rencontre entre un père immature et son fils qu’il ne connait pratiquement pas. Le traitement, simple et utile, est le même employé dans Le Fanfaron. Prendre deux protagonistes totalement antinomiques et les forcer à marcher ensemble ne peut que donner une quête initiatique et donc la conclusion de leur succès. Il Giovedi est l’exception qui confirme la règle.

D’emblée, le film se perd dans des dialogues assez tièdes où le verbe prend un sacré coup de vieux. Rythme alourdi par une interprétation chaotique (Walter Chiari en clone malheureux de Vittorio Gassman), réalisation assez plate car peu inspirée et surtout maladresse dans le traitement scénaristique plombent un film qui s’essouffle trop vite. Risi ne croit plus dans cette histoire d’illumination et abandonne la partie pour aller vaquer vers d’autres occupations, celles qui vont balayer les conventions de la comédie italienne : les monstres…

Titre original : Il Giovedi

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Durée : 101 mn


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