How I Live Now (Maintenant c’est ma vie)

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En persistant à adapter des romans sous prétexte qu´ils sont des succès de vente ou bien qu´ils offrent l´ombre d´un scénario original ou bien les deux à la fois – jackpot -, les productions persévèrent à fabriquer des films indigents, sans coeur.

How I Live Now est l’adaptation d’un best-seller de la littérature jeunesse US signé Meg Rosoff, paru en 2004. On imagine bien ce qui a pu plaire au réalisateur et documentariste Kevin Macdonald dans cette immersion au plus près d’une nouvelle Guerre Mondiale, lui qui s’est souvent penché sur les grands noms de l’histoire, plutôt face sombre. Il est notamment l’auteur d’Un jour en septembre (2006), sur la prise d’otage des JO de 1972, de Mon Meilleur Ennemi (2007) sur Klaus Barbie, et côté fiction, du Dernier Roi d’Ecosse (2007) sur Idi Amin Dada. Mais ici, Macdonald ne parvient jamais à extraire le récit d’une logique de genre assez détestable.

Une jeune Américaine légèrement dark passe les nombreux postes de contrôle d’un aéroport britannique. C’est Daisy, piercings et rage accrochés au minois, obligée de passer l’été chez ses cousins campagnards et anglais. Elle n’en a aucune envie et le fait bien comprendre au personnel des douanes, devant qui elle n’ôte même pas ses écouteurs. Le personnage d’adolescente est le centre de cette introduction, non pas le fait que des militaires encerclent l’aéroport ou que des hélicoptères se déploient dans le ciel : l’avènement d’une Troisième Guerre mondiale et l’instauration d’un état militaire seront relégués au second plan – ce qui prime, c’est l’ado en crise.
 

Il s’agira donc d’un film d’apprentissage dont l’argument, assez puant, sera que les épreuves d’une Guerre mondiale soudaine ne seront qu’un gigantesque nœud d’obstacles à l’épanouissement d’une histoire d’amour. L’insupportable gamine a bien fini par être apprivoisée par ses cousins brit, jusqu’à tomber sous le charme de son cousin (la seule véritable transgression du film). L’éveil à l’amour, dans une nature anglaise pareille à un jardin d’Eden, où les adultes ont décampé, est filmé comme une pub Gap. Dès que sonne la guerre, le bucolique et les nuances dorées sont remplacés par des tons de bleus. Les amoureux séparés, expulsés de leur paradis et envoyés dans des camps de travail, entreprennent donc une quête pour revenir à la maison, indifférents à un pays ravagé, petits soldats au service d’eux-mêmes. Le retour se mue en survival en forêt, n’atteignant jamais un degré de suspense plus marquant que le moindre épisode de The Walking Dead.

Une scène, pourtant, laisse imaginer ce que Kevin Macdonald aurait pu faire sans le canevas du roman adolescent, obligeant à respecter ce cœur de cible. Lorsque Daisy découvre un charnier dans la ferme où son amoureux devait être envoyé, la jeune fille, contre toute attente, s’approche et entreprend de découvrir l’identité de tous les hommes tués. Voir, pour savoir, qu’importe la violence des images, et cette courte scène assez réussie rappelle celle où Spielberg, dans La Guerre des mondes (2005), montre à la petite fille les corps flottants, avant que son papa ne lui mette une main sur les yeux.

 

Titre original : How I Live Now

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Durée : 106 mn


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