Femme libre et farouche
Qui mieux que sa meilleure amie aurait pu raconter au cinéma, sans toutefois en faire un pâle biopic, la vie de la « petite fiancée de l’Atlantique », Florence Arthaud, devenue le symbole de la réussite des femmes dans un univers jusque là réservé aux hommes et égérie de la libération des femmes ? En effet, Géraldine Danon, aux mille métiers dont celui de documentariste de la navigation et épouse de Philippe Poupon qu’elle a suivi de l’Arctique à l’Antarctique, sur leur voilier Fleur australe avec leurs enfants, a décidé de raconter la vie de son amie disparue tragiquement dans un accident d’hélicoptère en 2015. « Florence était une amie proche. Nous nous sommes rencontrées en 1986. Elle est la marraine de mon fils, j’ai rencontré Philippe Poupon lors de son mariage à Porquerolles, elle a donc fait partie de ma vie. J’en parlerais comme une femme libre, farouche, joyeuse, puissante et aventurière. C’était aussi quelqu’un d’une grande générosité, qui vivait dans l’instant et qui aimait les gens. Je me souviens de dédicaces de livres sur la fin de sa vie durant lesquelles elle passait beaucoup de temps à parler avec ses lecteurs… Florence ne s’est jamais économisée en rien : c’était une boulimique de la vie ! »
Une actrice intense
Et pour l’interpréter, la réalisatrice a trouvé par casting l’actrice de théâtre, Stéphane Caillard, qui, même sans bien connaître la navigation à voile, a su se mettre dans la peau de la jeune et jolie navigatrice au tempérament de feu. Si bien qu’on pourrait presque affirmer qu’elle ne l’incarne pas. Elle est Florence Arthaud, Flo pour ses intimes. Et son jeu est comme elle, à la fois passionné et nuancé pour tenter d’exprimer la vie et la flamme de celle qui réussit l’exploit de remporter en solitaire la Route du Rhum, et d’échapper si souvent à la mort, à travers deux accidents de la route et une noyade en 2011 au large de la Corse. Découverte pour le rôle par la directrice de casting Pascale Béraud, Stéphane Caillard raconte cette aventure dans le dossier de presse du film : « J’aimais beaucoup l’idée de la traversée de plusieurs époques, sur les pas de cette femme que l’on suit de ses 18 ans à la quarantaine… Ce parcours de jeu et de travail me semblait hyper intéressant. Quant au rôle lui-même, j’ai aimé l’idée d’un portrait de femme au-delà de celui d’une navigatrice. On suit Florence dans ses complexités, ses paradoxes, quelques-uns de ses excès aussi : son sentimentalisme, son goût de la compétition. Elle m’apparaissait extrêmement vivante… »
Un film d’aventures
Flo devient donc plus qu’un film hommage, un film sur le talent d’une femme libre qui a su s’affranchir de son milieu social et des présupposés sur son sexe pour devenir une icône au sens fort du terme. Avec les belles images de Pierre Milon, la présence de tous les bateaux mythiques de cette aventure et le vrai bateau de Flo, le Pierre 1er oublié aux Philippines et rebaptisé Flo pour le film, le film est une réussite aussi grâce aux nombreux acteurs qui y apparaissent comme Charles Berling et Marilyne Canto dans les rôles des parents de Flo, Samuel Jouy dans celui de l’initiateur et amant, Jean-Claude Parisis, et surtout, épatant, Alexis Michalik dans le rôle d’Olivier de Kersauson avec son accord même s’il n’y apparaît pas à son plein avantage.