Deux mots sur ce dernier, puisqu’il sort bientôt (le 20 juin), et que nous aurons le temps d’y revenir plus précisément. Après Bancs publics, qui nous avait très peu enthousiasmé en 2009, on était curieux de voir le nouveau film de Podalydès, globalement convaincant en tant que cinéaste. Et Adieu Berthe est assez génial. Déjà parce qu’il fait de l’enterrement d’une grand-mère le point d’entrée de plusieurs sujets, tous passionnants : le couple, le deuil, les souvenirs. On y suit Denis Podalydès, très paumé dans ses relations amoureuses, qui hésite entre sa femme (« On pourrait se séparer progressivement, non ? ») et sa maîtresse (Valérie Lemercier), et doit gérer l’enterrement de « mémé », une grand-mère si discrète qu’il l’avait complètement oubliée. Sur le couple, c’est extrêmement fin. Lassitude des années versus attrait de la nouveauté, l’argument n’est pas nouveau, mais, avec le talent d’écriture de Podalydès, il donne lieu à des scènes aussi hilarantes que déconcertantes. Sur le deuil et les souvenirs, c’est très émouvant : la découverte à la maison de retraite d’anciennes lettres d’amour, par exemple, est l’une des plus belles séquences du film.
Il y a aussi que Podalydès possède un incroyable sens du casting, et que tous ses acteurs sont excellents, Lemercier en tête, aussi parfaite en ex ordurière qu’en amante frustrée. Alors bien sûr, c’est parfois bavard, toujours au bord d’un trop-plein d’excentricité : mais cette fois-ci, ça marche totalement. Surtout, Adieu Berthe fait du bien en milieu de festival, en apportant un peu de la légèreté dont la sélection manque parfois. On en reparle très vite, donc.

La plus grande force de Jagten est de déplacer très vite son propos, évitant d’emblée la redite de Festen : ce n’est pas un film sur la pédophilie, mais bien sur le mensonge et la rumeur, la manière dont elle enfle à toute vitesse, et dont elle peut briser une vie sur la durée. Jagten est une œuvre extrêmement cohérente, à la ligne claire dont on ne s’éloigne jamais. C’est, tout compte fait, suffisamment rare pour être souligné ; surtout, cela permet de s’attacher presque immédiatement au destin du personnage, de trembler avec lui, de partager sa peur constamment et sans relâche. Mads Mikkelsen est impressionnant en homme bafoué qui ne comprend pas l’acharnement de sa communauté, n’arrive même pas tout de suite à se défendre tant il est abasourdi.

Voilà pour aujourd’hui. Il est temps de courir au Miramar pour la projection de J’enrage de son absence, le nouveau film de Sandrine Bonnaire en tant que réalisatrice et sélectionné à la Semaine de la critique. Ce sera l’occasion d’assister à une séance d’une autre section parallèle, et de vérifier si Bonnaire confirme tout le bien qu’on pense d’elle derrière la caméra depuis son documentaire Elle s’appelle Sabine. À demain.
Festival de Cannes 2012 – Jour 1 : Trouver son rythme
Festival de Cannes 2012 – Jour 2 : Les amours contrariées
Festival de Cannes 2012 – Jour 3 : Toute première fois
Festival de Cannes 2012 – Jour 4 : All is love