Un mot sur les courts métrages, parce qu’ils constituent, en deux fois 11 minutes, l’essentiel d’une thématique chère à Abbas Kiarostami : l’enfance et ses tourments. À tout juste trente printemps, il réalise Le pain et la rue. Petite merveille en noir et blanc, le film retrace le parcours chaotique d’un bambin qui, ayant acheté le pain pour sa famille, se retrouve coincé dans une ruelle face à un chien errant. Témoignage d’une peur enfantine ancestrale, Le pain et la rue est un film charmant qui joue sur l’humour et la surprise. Une réalisation toute en douceur qui laisse un agréable goût de bonbon !
Sur un registre un peu différent, La récréation évoque un autre thème important chez Abbas Kiarostami : l’éducation. Après avoir cassé une vitre en jouant avec un ballon, un gamin se fait (évidemment) punir. À sa sortie de l’école, l’enfant ne semble pas vraiment décidé à rentrer chez lui. Car plus que la punition scolaire, ce que craint le petit, c’est avant tout la réaction de ses parents. L’autorité et les choix des adultes, cela n’est pas de tout repos ! La peur d’être réprimandé le fait se balader dans les rues. Il arpente la ville comme une âme en peine, à la recherche d’une solution miracle qui lui apportera la délivrance.
Du noir et blanc, des dialogues presque inexistants, une poésie de chaque instant. Abbas Kiarostami se veut témoin du quotidien et capte avec candeur les charmes de la vie. Des films lents (montage, mouvements de caméra et plans confinent à l’immobilisme, car le réalisateur avoue percevoir la vie avec lenteur), comme certains jours peuvent l’être ; ces jours de douceur qui permettent au temps et aux êtres de s’apprivoiser mutuellement. Aimer et jouir de chaque seconde en ayant conscience qu’elle peut être la dernière. Kiarostami, cinéaste du Carpe Diem…