DVD Nine Dead

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Avouons-le, ce qui nous a poussé vers « Nine Dead », thriller sorti directement en dvd sans passer par la case grand écran, est la présence de notre apprentie sorcière préférée : Melissa Joan Hart qu´on avait cru définitivement oubliée dans les annales de la télévision.

Nine Dead est un petit thriller à dispositif comme il y en a eu tant dans les années 1990 pour le pire ou le meilleur. Neuf personnes se retrouvent menottées et enfermés dans une salle. Toutes les dix minutes, l’un d’entre eux est tué jusqu’à ce qu’ils découvrent ce qui les lie tous ensemble et l’identité du kidnappeur. Le film ne présente donc en tant que tel quasiment aucun suspense sauf celui de savoir qui va être dégommé le premier. Nine Dead tient tout entier dans la résolution de l’énigme posée par le kidnappeur masqué : « Why are you here ? » Un jeu de Cluedo à échelle un dans lequel tout le monde est coupable. Reste à savoir de quoi.
 
Nine Dead revêt un aspect très télévisuel à commencer par une esthétique de série. C’est à Esprits criminels qu’on pense en premier. Enlèvement, kidnappeur, cave… Tous les ingrédients sont là. On nous rajoute aussi l’argument de la toute puissance du serial killer par des plans nocturnes en plongée sur la ville : « il » vous surveille, « il » est partout, personne n’y échappe. L’enfermement et l’enregistrement en direct de neuf personnes dans la même pièce semblent aussi lorgner du côté de la téléréalité dans ce qu’elle peut avoir de plus œcuménique. On a évidemment la décence de vous présenter à l’écran un panel varié de la société : hommes, femmes, flic, prêtre, Noir gangster de service et mamie chinoise (les plus cinéphiles d’entre nous auront bien sûr reconnus Lucille Soong, l’incroyable Mama de Freaky Friday, abonnée des rôles non anglophones).
L’intérêt du film réside alors moins dans la résolution de l’énigme (on s’attend par expérience de moult thrillers à une explication familiale très psychologisante) que dans la mise au jour des pulsions de chacun, l’enfermement agissant comme un puissant révélateur. A ce jeu, le film commence très fort, dénonçant un certain cynisme contemporain par la mise en lumière de clichés et raccourcis usuels. A la question posée « quel est le pire des crimes ? », l’un des personnages répond la pédophilie. Immédiatement, tous les regards se tournent vers le prêtre. Manque de chance, c’est le personnage d’à côté qui se révèle friand de petits bambins. Malheureusement, ces petites perles sont plutôt rares.
Pire, alors que Nine Dead met en scène un dispositif intéressant, le réalisateur Chris Shadley en trahit les règles en au moins deux manières. La durée tout d’abord. La durée réelle du film ne correspond pas à celle du récit alors que, l’introduction passée, celui-ci est censé se dérouler en temps réel. Même en ôtant les inutiles flashbacks clinquants (sans doute issus d’une peur face à la radicalité du dispositif qui n’engage finalement que la mise en image de la réflexion des personnages par la parole), les séquences dépassent les dix minutes données par le kidnappeur. A cela, il faut ajouter un double final ridicule et potentiellement misogyne. Reste tout de même notre sorcière préférée qui nous montre qu’elle peut honorablement prétendre à autre chose qu’à faire la conversation à un chat noir ou se cacher dans un placard.
Sans réelles prétentions, Nine Dead est un film sympathique mais paresseux auquel un traitement plus radical et une mise en scène plus éclairée n’auraient pas fait défaut.

Bonus : l’inévitable making of/vidéo promotionnelle où on apprend que le scénario est super, le réalisateur génial, l’ambiance trop forte, la cantine excellente et les toilettes super clean (on entend d’ailleurs Melissa Joan Hart disserter sur l’état des waters sur les tournages US). Très instructif.

Etonnamment, les scènes coupées se révèlent très éclairantes sur le travail de montage et montrent un écart important entre le scénario et le résultat final devenu un huis-clos, faisant disparaître toute l’enquête policière parallèle (et donc le personnage de Daniel Baldwin en policier aux abois).


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