Django possède tous les ingrédients d’un bon western : une histoire de vengeance, un solitaire, ex-soldat nordiste, très adroit au tire, deux bandes concurrentes : les Mexicains révolutionnaires dirigés par le cruel General Hugo Rodriguez et les Sudistes habillés d’un foulard rouge cramoisi au cou et au service du raciste Major Jackson. Les deux bandes rivales se partagent la maison close d’un village fantôme. Django (Franco Nero) va manipuler les deux bandes, en faisant miroiter au Général Hugo l’or que son ennemi juré Jackson mettra en sûreté de l’autre côté de la frontière. Le but de Django est de récupérer l’or et de venger sa femme, tuée par Major Jackson.
Il est évident que Corbucci avait emprunté son intrigue et ses personnages à Leone (Pour une poignée de dollars, 1964). Pourtant le film de Corbucci propose d’importantes différences. L’image intrigante d’un héros, qui traîne un cercueil, est inspirée d’une bande dessinée japonaise. Django était le premier prénom caractéristique des westerns spaghetti. Le grand succès de Django conduit les auteurs de westerns à réutiliser ce personnage mystique et à le décliner dans une trentaine de productions jusqu’en 1972 (Django tire le premier de Alberto de Martino, 1966, Le fils de Django Osvaldo Civirani, 1967, Queques dollars pour Django de León Klimovsky, 1968, Viva Django d’Eduardo Mulargia, 1972).
L’ambiance très particulière du film est beaucoup plus grise et sinistre que celle de Sergio Leone. La brume s’infiltre dans la taverne, le sifflement du vent annonce la mort, appuyé par la musique pompeuse et tragique de Luis Enríquez Bacalov. L’intégralité du film se déroule dans la boue, où se meuvent des personnages aux chaussures embourbées dans une sorte de décadence morale. On s’enlise avec une sorte de jouissance de la violence, du sang, de la vengeance et de la mort – le cimetière de Tombstone n’est pas assez grand.
On pourrait classer Django, dans la catégorie des westerns Zapata, du nom du célèbre rebelle mexicain de la révolution mexicaine de 1913, Emiliano Zapata. L’action prend place à la frontière mexicaine, l’or qu’on vole est destiné de servir la Révolution. C’est alors le point de vue Marxiste qui est mis en exergue : les pauvres – les Mexicains se battent contre les riches Sudistes, la plupart membres du Ku-Klux-Klan – une allusion au régime fasciste de Mussolini, période sous laquelle avaient vécu les réalisateurs italiens des années soixante. Corbucci développera les thèmes politiques dans ses films suivants (Le Grand Silence, 1968, Companeros, 1970), cette fois en prise direct avec la société de l’époque.