Crazy Stupid Love

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Pas trop crazy, stupide à souhait et beaucoup de love. Une comédie romantique agréable mais au propos irritant.

 Une de ces choses remarquables qui nous vient des Etats-Unis (avec le Hot dog et Michael Jordan), c’est cette facilité déconcertante à élaborer des comédies réussies malgré leurs très relatives originalités. D’où l’impression étrange que la moindre comédie américaine basique semble supérieure à la majorité des comédies françaises sorties en salle ces dernières années. Crazy Stupid Love ne déroge pas à la règle. Voilà une comédie romantique au propos banal et aux situations déjà vues mais soutenue par des acteurs efficaces et bien dirigés ainsi que par des dialogues plutôt fins.

Steve Carrel joue un homme qui n’a pas senti sa dégradation et dont la femme demande le divorce après une escapade avec un collègue/amant de passage. Obligé de s’installer dans un studio, il va tenter de se reconstruire et de reprendre confiance en lui surtout en présence féminine. Bien évidemment, ce loser démodé aura besoin d’un guide qu’il trouve en Ryan Gossling, véritable serial dragueur de club qui choppe n’importe qui en deux minutes de manière déconcertante et qui lui apprendra à s’habiller et à emballer. Au-delà de l’histoire d’amour entre Carrel et sa femme qu’il tentera de reconquérir inconsciemment tout au long du film, Crazy Stupid Love évoque l’amour à tous âges et nous montre gentiment avec succès que face aux sentiments nous sommes tous égaux, que l’on soit un pré-ado, une étudiante ou un quarantenaire. Malheureusement, sentiment est souvent confondu avec sexe. Le propos qui se limite à mélanger confiance en soi et conquête sexuelle est d’une simplicité dérangeante voire dangereuse sans oublier en conséquence la pauvreté de l’image féminine représentée. L’unique force du film réside en cette douceur permanente qui allège la lourdeur légendaire des comédies romantiques américaines hors-Apatow. Sans jamais bifurquer vers le trash et possédant un solide happy end à la vanille, Crazy Stupid Love n’aurait pu qu’être une énième œuvre sans âme et sans intérêt. Le film a cependant la chance de se reposer sur les épaules du génial Steve Carrell qui a su imposer son grain de folie douce et son regard touchant en tant que producteur et tête de gondole principale. Ses associations avec Ryan Gossling (l’homme de l’année qui ajoute la comédie à l’éventail de ses possibilités) et Julianne Moore fonctionnent parfaitement. De plus, la clé d’une bonne comédie se situe souvent dans la qualité de ses rôles secondaires et de leurs implications dans l’intrigue. Contrat validé : le casting secondaire (Emma Stone, Marisa Tomei, Kevin Bacon…) est impeccable. Ouf.

Chose rare au cinéma, l’humour est bien sûr très présent mais lorgne discrètement chez le voisin. On retrouve dans Crazy Stupid Love, la scène hilarante de la parodie de Dirty Dancing présente dans L’Arnacoeur (une comédie française, comme quoi…) ainsi que d’énormes similitudes entre le personnage interprété par Gossling et le cultissime Barney de la série How I met your mother. De bonnes influences cela dit… Entre une morale agaçante et une histoire trop convenue, le film s’en sort presque logiquement tant le savoir-faire le rend efficace. Attention cependant à ne pas copier. C’est pas bien.

Titre original : Crazy, Stupid, Love

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Durée : 118 mn


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