Comme un fils

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Quand deux univers se rencontrent, ça fait des étincelles ou pas…

Du sur-mesure pour Lindon

Pour réaliser son dernier film, le réalisateur – déjà confirmé avec dix long-métrages à son actif, et d’autre part son rôle de critique de cinéma pour Le Journal du cinéma de la chaîne Canal+ – a fait fort en tentant de mêler dans la même histoire la grave crise que traverse le métier d’enseignant et l’immigration européenne des Roms venus de Roumanie. C’était un sujet en or bien sûr pour Vincent Lindon qui s’est montré fort intéressé dès le début du projet et pour lequel Nicolas Boukhrief et Eric Besnard, son co-scénariste, ont dû faire du sur-mesure. Sauf que Lindon est un peu trop âgé pour ce rôle de professeur désabusé qui, à la suite d’un problème de violence dans sa classe, a quitté l’Education nationale, et même si cet air de chien battu qu’il arbore dans la plupart de ses films apporte un petit plus à son personnage. 

Professeur vs réfugié

Il y a donc de la matière dans ce film qui raconte à la fois le désarroi d’un homme seul, qui est sur le point de quitter sa maison devenue trop grande pour lui et qui, un soir par hasard, alors qu’il fait ses courses chez l’épicier du quartier, se mêle d’arrêter un enfant qui vient de voler. La société est en crise, on le constate chaque jour à moins d’être aveugle mais le cinéma dit social se doit de le souligner presque à longueur de film. Malheureusement, n’est pas Ken Loach qui veut et, même si l’intention de Nicolas Boukhrief se veut louable, elle n’échappe pas aux écueils du genre et son film devient vite au bout d’une demi-heure trop pétri de bons sentiments. Cependant, le fait de mettre en scène un professeur en pré-retraite ne permet pas de le voir dans sa classe, donc en plein exercice. On ne verra fonctionner l’enseignement que par le biais de l’association qui va prendre en charge le jeune garçon que le professeur a pris nolens volens en charge. Donc le problème du savoir est à peine esquissé mais sans doute suffisamment pour en montrer les limites et celui de l’immigration des Roms y est aussi affadi par le fait que le jeune garçon est mi-Rom, mi-Roumain ce qui explique que son tuteur Rom le bat comme plâtre. Car ce racisme existe hélas aussi dans la communauté Rom. 

Des idées et des clichés

On y observe cependant un énorme travail de documentation tant au niveau de l’école que des immigrés dans leurs camps, c’est du moins ce que soutient le réalisateur et on n’en doute pas. Mais d’où vient alors cette lassitude du spectateur devant cette sorte de téléfilm lisse qui évoque les problèmes mais ne va pas assez au plus profond. Et pourtant, il déclare dans le dossier de presse avoir voulu éviter les clichés : « Lorsqu’on interroge la police, elle explique qu’il y a chez eux très peu de faits divers sanglants, essentiellement des larcins, mais que la maltraitance des enfants par des tuteurs violents est aussi un grave problème, même si bien sûr ce n’est pas la majorité. D’autant que ces gamins ne sont pas souvent scolarisés : à cause du racisme qu’ils subissent des autres élèves et qui génère trop de problèmes, des directeurs d’école refusent de les intégrer à leurs effectifs. Certaines écoles et quelques associations font néanmoins un travail remarquable auprès d’eux et offrent un portrait encore différent de cette population. Bref, comme toujours, l’enquête m’a permis de départager les clichés avérés et ceux qui sont infondés. » En fait, l’un des plus grands clichés du film est sans doute de n’avoir pu empêcher une fin prévisible hélas sur la liaison entre l’ancien professeur et la jeune et belle directrice du service de soutien scolaire…

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Durée : 102 mn


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