Coffret DVD/Livre : « Alfred Hitchcock – les années Selznick »

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Riche coffret collector qui revient sur la passionnante collaboration artistique entre le cinéaste Alfred Hitchcock et le producteur David O.Selznick.

« Je ne m’intéresse pas au contenu. Cela me dérange beaucoup que l’on critique mes films du point de vue de leur contenu. C’est comme si l’on regardait une nature morte et que l’on posait la question de savoir si les pommes sont sucrées ou acides. Le cinéma s’intéresse surtout à la forme. » Alfred Hitchcock

La collaboration David O. Selznick et Alfred Hitchcock

Ce coffret, en mettant en avant la collaboration du producteur David O. Selznick et Alfred Hitchcock, et les quatre films qui en découlèrent (Rebecca, La Maison du Docteur Edwards, Les Enchaînés et Le Procès Paradine, respectivement réalisés en 1940, 1945, 1946 et 1947), permet à la fois d’avoir un riche accès aux ressorts d’une collaboration entre un grand producteur hollywoodien (indépendant) de l’époque, David O.Selznick et un cinéaste de génie, Alfred Hitchcock. Comme l’écrit Fabien Delmas en introduction au livre du coffret : « La décennie qu’Hitchcock passa dans le giron de Selznick (1938-1948) fut plus qu’une période de transition. La collaboration, parfois frustrante, parfois étouffante, fut pourtant fructueuse et productive. » (p.11). L’ensemble des essais du livre, comme les suppléments d’entretiens qui accompagnent les dvds permettent une plongée passionnante au cœur de cette collaboration et traite d’un sujet qui n’est pas si analysé dans les études de cinéma : le rôle du producteur, ses rapports avec le cinéaste. Il faut lire, par exemple, la croustillante lettre de David O.Selznick à Hitchcock montrant son mécontentement face à l’adaptation scénaristique du roman de Daphné du Maurier. Leonard J. Leff, auteur d’un livre sur la relation entre David O.Selznick et Alfred Hitchcock se plaisait à montrer les différences importantes entre les deux hommes, le cinéaste étant attiré par « l’inexplicable et le visuel » tandis que le producteur était « attaché au logique et au verbal » (p.215). Au-delà de ces accrocs et d’importants antagonismes entre les deux hommes, on perçoit combien le producteur aura permis à Hitchcock de donner corps à ses idées, lui offrant les moyens de les transformer.
 

L’œil unique

« L’œil unique » qu’était Alfred Hitchcock, surnom adéquate et emprunté au nom d’un tableau réalisé par Salvador Dali pour la séquence du rêve de La Maison du Docteur Edwards, n’aura de cesse, pour sa lancée sur les terres hollywoodiennes (en ayant la liberté de tourner des films à côté, alors même toujours sous contrat avec Selznick), de déployer son univers artistique bouillonnant, les caractéristiques formelles de son cinéma, son utilisation extrêmement pensée de la caméra : les gros plans de la clef volée dans Les Enchaînés, du rasoir dans La Maison du Docteur Edwards. Une identité artistique dont il cherchera à obtenir toute indépendance en cherchant à créer sa propre production de films, "Transatlantic Film". La collaboration entre Selznick et Hitchcock s’achèvera avec Le Procès Paradine, film mal aimé (notamment par Hitchcock), qui gagne à être revu, même si le cinéaste tiendra Selznick pour responsable de son échec, ainsi s’en confiera t-il à François Truffaut dans l’un des entretiens entre les deux cinéastes agrémentant le coffret. Ces quatre films d’Hitchcock, les multiples suppléments ainsi que le livre d’essais et d’archives permettent à la fois un beau (re)visionnage des oeuvres de cette période du cinéaste, comme un exaltant voyage à la suite d’une collaboration entre deux talentueux hommes du cinéma.


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