Cages

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Premier long-métrage de Olivier Masset-Depasse enlisé dans des images démonstratives et un pathos qui rebute.

Aborder le thème de l’érosion du couple et de la perte de communication revient à user la corde d’un thème qui ne cédera jamais. Nombre de comédies ou de drames perdurent et s’acharnent à dévoiler une nouvelle part cachée de la relation amoureuse sur le déclin. Tentant de faire resurgir cette même lignée narrative et thématique, tout en échappant à la caricature, Olivier Masset-Depasse qualifie son premier long métrage de «drame romantique décalé et onirique».

Il faut reconnaître que les couleurs sombres du mobilier de bois et les tentures aux tons rouges du bar parfont une esthétique chimérique. Cette atmosphère double les personnages qui oscillent entre l’intérieur, leurs sentiments et leur environnement familier (leur chambre) et l’extérieur, les falaises et autres grands espaces de nature. Conflit entre l’intérieur, la prison, et l’extérieur, la liberté. Ce choix dichotomique révèle un travail photographique et technique ambitieux mais peine à se concrétiser dans la globalité narrative. Esthétisme appréciable, les espaces manquent de liens et de singularité, ne devenant que des aplats spatiaux. Cette disjonction provoque un déséquilibre et une exagération dichotomique qui se retrouvent dans la narration.

Effectivement, le bat blesse dès qu’il s’agit d’atteindre la fluidité et le charme d’un mélodrame. Cages s’enferme dans une série d’intenses explicitations des sentiments, boursouflées de lyrisme bon marché. Les mots susurrés ou prononcés dans un souffle, les regards appuyés et la fébrile direction d’acteurs agacent plus qu’ils n’envoûtent. La crédibilité de la relation amoureuse pâtit également. Dès le début, difficile est de croire l’abandon de Damien envers sa compagne. Fous amoureux l’un de l’autre – et liés par la mort en quelque sorte puisque tous deux survivent à un accident de la route – ils voient leur relation s’essouffler à la suite de l’accident d’Eve. Les blessures physiques ayant disparu, seul reste le traumatisme psychologique : le mutisme. Bien que l’éreintement et la peine de Damien soient compréhensibles, il manque une explication et une concrétisation de leur passé ou de leur réalité, c’est-à-dire une étape caractérisant Damien. Dévalué, le personnage masculin joué par Sagamore Stévenin trouve au moins en Anne Coesens une partenaire surprenante.

Voulant éviter la psychologie à outrance, l’intellectualisation généralement plébiscitée par le cinéma français, Olivier Masset-Depasse s’enlise dans des références métaphoriques exagérément explicitées et trop démonstratives pour séduire.

Titre original : Cages

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Durée : 86 mn


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