Présentée comme une comédie, Bienvenue chez les Ch’tis n’est pas pour autant des plus drôles. Sans grande référence aux gags (slapstick) traditionnels, Bienvenue chez les Ch’tis préfère un humour de circonstance, entre situation ridicule et personnages cocasses. La trame narrative, artifice soluble de cette comédie, se concentre davantage sur la recherche d’un « langage chtimi culte » que dans une certaine ironie.
Bienvenue chez les Ch’tis présente, de façon manichéenne et fort maladroite, des différences entre la culture du Nord et du Sud. L’intérêt n’est pourtant pas de regarder le film sous cet angle mais davantage dans la comparaison des modèles de vie. Le film fait preuve d’un étonnant recul sur ce point. Philippe Abrams (Kad Merad) incarne un être plutôt froid et distant rêvant de réussite sociale, se passionnant pour le menu du restaurant. A l’inverse, Antoine Bailleul (Dany Boon) est un personnage davantage affectif, moins superficiel, plus humain. L’antagonisme de Philippe et d’Antoine souligne cette différence de tempérament que l’on peut rencontrer quotidiennement dans notre propre vie.
Bienvenue chez les Ch’tis devient alors un reflet de notre propre vie. Cette introspection des cinéastes, assez nouvelle, y compris dans le récent Paris de Cédric Klapisch, centrée sur un modèle de vie plus que sur une histoire, témoigne en elle-même de la superficialité de ce nouveau langage cinématographique. Bienvenue chez les Ch’tis, comédie culte hors sujet, symbolise alors cette « carte postale ».