Barbarella (Roger Vadim, 1968)

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Icône Pop de la fin des années 1960, les hommes se couchent devant Barbarella et Jane Fonda elle, porte sur ses épaules le film de son mari.

Viens petite fille dans mon comic strip, viens faire des bulles, viens faire des WIP !

Après Et dieu créa la femme, ce n’est pourtant pas la Bardot super-woman de Gainsbourg que Roger Vadim invite dans son adaptation de la bande dessinée érotico-soft, Barbarella. Jane Fonda, sa nouvelle conquête de l’époque, sera celle qui prendra les traits en 1968 de l’héroïne inter-galactique créée par Jean-Claude Forest, et qui, d’aventures en aventures, sauvera l’univers de la menace d’une nouvelle arme destructrice: le Polyrayon 4. Sommet du kitch pour certains, objet de culte pour d’autres, Barbarella est le film de Jane Fonda. De tous les plans, de toutes les positions, elle ballade sa moue boudeuse et ses yeux amusés d’un coin à l’autre de la galaxie et Roger Vadim, on lui pardonnera, ne semble avoir d’autre objectif que de filmer chacun des mouvements de la belle.


 

Dès le générique, plus que le personnage même de Barbarella, c’est son corps qui est au centre de toutes les attentions. Dans un strip-tease en apesanteur livrant explicitement la nudité de l’actrice, le film semble s’offrir à nous sans que n’intervienne à aucun moment Vadim. Une fois le générique terminé, Barbarella, seule dans son vaisseau spatial, a fini d’ôter sa combinaison. Elle est désormais nue et tient une vidéoconférence avec le président de la Terre. L’écran de réception est au dessus d’elle et la conversation qui suit reflète bien ce que seront les prochaines 90 minutes. Le plus sérieusement du monde, le président présente la mission de Barbarella, sans jamais décrocher les yeux de la poitrine de cette jeune femme faisant si peu de cas de sa nudité. A la fin de chacune de ses phrases, il semble en avoir oublié le début et nous, nous serions bien ennuyés si l’on nous demandait de répéter de quoi a été question leur dialogue. Cette conversation était-elle confuse ou bien n’avons nous pas écouté? Qu’importe. Barbarella est désormais habillée et malgré la confortable fourrure qui couvre le sol de son vaisseau, elle n’oublie pas les voyeurs que nous sommes et choisit un matelas transparent pour s’endormir. Si elle ne flotte plus dans sa cabine, la scène est toujours bien en apesanteur. Musique pop de Bob Crewe et Charles Fox , mouvements languissants de l’actrice, noms de planètes inconnues… Si nous sommes en l’an 4000, le chemin que l’on nous invite à prendre, délirant, d’un érotisme de tous les plans, diffère de celui des films de science-fiction classiques. Léger, psychédélique, Barbarella est un OVNI.

Aussi interminables que soient les jambes de Jane Fonda, Barbarella promet pourtant aussitôt son ouverture d’autres raisons de se réjouir : aventures débridées, rencontres loufoques, décalage par rapport au genre… Dès la première scène en dehors du vaisseau de l’héroïne, Vadim semble pourtant se perdre. Le monde qui entoure Barbarella est laid, de mauvais goût et le kaléidoscope de décors ou les costumes dessinés par Paco Rabanne ne sauvent que trop rarement la platitude de la mise en scène. Barbarella est une suite de saynètes inégales construites selon un même rythme: la découverte d’un nouvel environnement, la rencontre d’un problème, sa résolution et la fuite vers un nouveau tableau. Poussif, ce schéma narratif rencontre ses plus grandes limites quand Vadim doit justement passer d’un lieu à l’autre et mettre en mouvement son héroïne. On n’a d’autre choix alors que de se concentrer sur Jane et étonnamment, le film vient nous chercher là où on ne l’attendait pas. Quand des enfants torturent Barbarella à l’aide de poupées mécaniques, quand Vadim nous présente le labyrinthe de la ville maudite de Sogo ou lors d’une rencontre hilarante avec le maladroit chef de la résistance (David Hemming). Déconnectées de toute narration, ces scènes hallucinées donnent au film la folie, la douce étrangeté promise au départ.

Icône pop, symbole d’une sexualité assumée et libérée, la Barbarella de Jean-Claude Forest n’avait rien d’une femme objet. La bande dessinée originale présente une femme à la recherche du plaisir quitte, s’il le faut, à se passer des hommes. Chez Vadim, si elle reste symbole sexuel, Barbarella se couche sous les mâles car elle ne sait pas dire non. Elle offre son corps comme récompense et si elle jouit de toutes ses aventures, c’est la jouissance d’une ingénue découvrant sa sexualité sur le tas. Jane Fonda encore une fois sauve le film. Malgré l’écriture de son personnage, ses sourires, ses regards, nous montre qu’elle n’est pas dupe et qu’elle s’amuse même de voir son époux de réalisateur la faire coucher avec tous les hommes qu’elle va croiser. Si Vadim est bien le réalisateur, c’est sa femme qui tient le film. Il ne semble pas en avoir conscience, ce qui rend plus exquis encore le jeu complice de Jane Fonda. Quel cornichon ce lapin! Ce genre de réplique irréelle sortie de la bouche en cœur de BB, Et dieu créa la femme en est rempli. Barbarella n’est pas en reste. Le clin d’œil de Jane Fonda en prime, amusée elle même par temps de candeur: That’s screaming. A good many dramatic situations begin with screaming… Elle lève son pistolet laser, vise… SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZZZZ !

                                                                                                                                                                                                                                  

 

Titre original : Barbarella

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Durée : 87 mn


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