Alda et Maria

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Deux soeurs, deux pays, deux destinées mais toujours l’amour.

Après son documentaire, Il y a toujours quelqu’un qui t’aime (2003), la réalisatrice Pocas Pascoal revient à ses souvenirs de l’Angola avec ce premier long métrage dédié à sa sœur. C’est dire que l’histoire de ces deux sœurs réfugiées à Lisbonne au début des années 80, au moment où la guerre civile éclate dans cette ancienne colonie portugaise, est plutôt autobiographique. En effet, comme dans le film, la réalisatrice et sa sœur, originaires d’Angola et d’un milieu aisé, se sont retrouvées au Portugal à vivre sans leurs parents dans une banlieue ouvrière de Lisbonne, leur père étant mort pendant la guerre civile et la mère ne pouvant sortir du territoire angolais.

Ce sujet aurait pu donner naissance à un film triste ou engagé politiquement, voire pesant et didactique. Il n’en est rien. Pocas Pascoal, après avoir suivi des cours au Conservatoire national du cinéma français, se consacre à la photographie et aux courts métrages documentaires. Le chef opérateur Octavio Espirito Santo s’est employé à lui trouver une belle lumière et à réaliser une belle image de façon à ce que le film, même dans ses moments de désespoir ou de misère sociale, recrée le climax si particulier du Portugal. Il en va de même pour la musique, peu présente, mais la seule chanson composée par Lulendo complète le tableau, tout comme le grand travail autour du son pris en direct à Lisbonne par Marc Pernet et retravaillé en post-production.

 

Film attachant et solaire sur un sujet difficile, Alda et Maria parvient à nous émouvoir, mais sans trop de pathos, ni de misérabilisme. Les deux comédiennes ont été choisies par la réalisatrice. L’une, Alda l’aînée, n’est pas du tout comédienne et l’autre, Maria, est une actrice de théâtre. Curieusement, le casting en Angola n’a pas abouti puisque la réalisatrice les a repérées toutes les deux au Portugal. Il semble que ce fut un bon choix, puisque elles ont été récompensées par un Prix d’interprétation au festival de Carthage.

Malgré quelques maladresses, dues certainement au fait qu’il s’agit de son premier film de fiction, Pocas Pascoal parvient à créer une ambiance et à nous faire ressentir à la fois le désarroi des expatriés, mais aussi le petit monde de la diaspora dont certains membres n’hésitent pas à exploiter leurs propres concitoyens, comme c’est le cas pour la couturière angolaise qui, au départ, semblait vouloir protéger les deux sœurs.

Amateurs de mélodrames, ou de films militants anticolonialistes, passez votre chemin. La réalisatrice a surtout voulu témoigner de sa propre histoire, de celle de sa sœur et de ses parents, ce qui donne naissance à un film très tendre dans lequel les épisodes difficiles ne sont pas gommés, mais humanisés comme s’il s’agissait en fait pour Alda et Maria d’un apprentissage douloureux certes, mais parfois heureux, à la fois du monde mais aussi de l’amour et de ses déboires. Ce film se penche aussi de manière sensible et intelligente sur les contrecoups de la colonisation, mais sans en faire un motif de haine ou de revendication. Voici deux sœurs en prise avec le monde et qui nous donnent une leçon de savoir-vivre, au sens psychologique et humaniste. Si leur destin les sépare à la fin du film, puisque l’aînée vivra son rêve de partir en France, alors que la cadette retournera en Angola, nous sommes certains de les retrouver peut-être d’une manière différente dans le prochain long métrage que Pocas Pascoal prépare et qui racontera une histoire d’amour entre un soldat sud-africain et une Angolaise…

Titre original : Alda et Maria

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Durée : 101 mn


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