Rencontre avec Alain Chabat

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« Trésor », en salle le 11 novembre, sera donc le dernier film de Claude Berri. Alain Chabat, son « fils de cinéma », y tient un rôle clé. Il parle de leur première rencontre, de sa disparition aussi. Interview tout en douceur.

Doux dehors, triste dedans. L’on savait Alain Chabat ciné-fils prodigue (Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, plus de 14 millions d’entrées en 2002), amateur moqueur de tous les genres, pourvu qu’ils soient « mauvais » (parodie, bd, comédie d’aventure). L’on découvre, sans être étonné, que l’ex-Nul de Canal+, grand frère modèle de toute une génération d’humoristes français, déborde de tendresse fragile. À vif, comme un enfant, un orphelin.

Sans fard et sans reproche : celui que Claude Berri appelait son « fils de cinéma » a bien du mal à en parler, justement, de « l’immense producteur, avec une vista hors du commun » qui s’est éteint en janvier dernier. Tandis que sort en salle Trésor, ultime comédie écrite et produite par Berri (mais essentiellement réalisée par François Dupeyron), Alain Chabat, qui en tient l’un des rôles principaux, tente d’évoquer, reconnaissant, cette figure tutélaire. Ce drôle de père. Hier, aujourd’hui et demain : avec et sans lui, entre deux bouffées d’émotion.

Hier, à jamais

« Ma première rencontre avec Claude, c’était pour « Les Nuls, l’émission ». On l’avait invité pour jouer des sketches avec nous. On s’est tous beaucoup amusés, il a joué le jeu à fond. Je connaissais déjà la légende du producteur, et puis, en tant qu’acteur, je l’adore ! Mes films préférés de lui, parmi ceux qu’il a réalisés, c’est « Manon » et « Florette », Le vieil homme et l’enfant et Le cinéma de papa. Avec les autres Nuls, on voulait lui proposer de produire La cité de la peur, mais il nous a dit : « je vais mal le faire, je n’y comprends rien ! ». C’était un type très cash. D’ailleurs, au tout début, on me l’avait présenté comme un mec qui faisait peur. En réalité, il était très franc. Du coup, on ne perd pas de temps ! En tout cas, je suis retourné le voir pour Didier. Et cette fois, il m’a dit OK. Je me souviens, il voulait même au début que je prenne Depardieu, pour le personnage du maître de Didier, alors que j’avais écrit le rôle pour Bacri. On s’est un peu accrochés. Et puis, je lui montre les deux premiers rushs avec Jean-Pierre et, tout de suite, il m’a dit : « tu avais raison. Heureusement que tu ne m’as pas écouté ! ».

Aujourd’hui, encore et encore

« Trésor, c’est un film de Claude Berri. Il l’a écrit, préparé et il a commencé à le tourner. Sa famille de travail et François Dupeyron, qui avait travaillé avec lui sur Ensemble c’est tout, se sont souvenus de ce qu’il voulait. L’esprit de Claude a été respecté. Ce film, je l’ai vécu, et vu aussi, un peu bizarrement évidemment. J’avais beaucoup d’affection pour lui. Et franchement, au début du tournage, Claude, je le trouvais en forme ! Avec ses difficultés d’élocution, bien sûr, mais drôle, joyeux. D’ailleurs, aujourd’hui, quand je repense à lui, je le vois en train de se marrer, comme un garnement. Donc j’ai été surpris par sa mort. Je pensais que ce tournage allait lui donner la patate… C’est arrivé à la fin de la première semaine… Je me souviens de la première scène que j’ai dû tourner, après son décès… Mon personnage est devant la télé, il regarde des dessins animés et des émissions où l’on voit des chiens. Il est de mauvaise humeur, un peu déprimé… ça me convenait… (l’interview s’interrompt deux minutes). Excusez-moi pour cette émotion, je ne m’y attendais pas… Vous savez, ce film, en même temps, c’était perturbant, puisque je joue le rôle de Claude Berri, en fait ! Trésor, c’est un peu son histoire avec Nathalie Rheims…

Demain, peut-être, sûrement

« Quand Claude m’a contacté pour Trésor, quinze jours avant le début du tournage parce qu’Yvan Attal, qui devait faire le rôle, s’était bloqué le dos, j’étais en train d’écrire mon petit  « Marsu ». Le Marsupilami de Franquin. Là, je suis content, j’ai fini (sourire). En tout cas, j’ai fini une version du scénario que j’aime bien ! J’ai travaillé avec Jeremy Doner, un copain américain. J’espère commencer le tournage l’été prochain, en 2010. Je sais déjà que je jouerai dedans, et Jamel aussi. Je pense aussi que ce sera Pathé le producteur. Mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. Ce sera une comédie d’aventures, avec du rêve, du dépaysement, extraordinairement « entertaining« . Voilà. Et puis, j’adore les thèmes de Franquin, c’est jamais prêchi-prêcha.»


Propos recueillis par Ariane Allard


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