Alors qu’il essaye de s’adapter à sa nouvelle existence depuis la mort de son père, Adam rencontre Beth, sa nouvelle voisine, et voit à son contact sa vie se chambouler petit à petit… Car le jeune homme est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme de haut niveau, marquée par une incapacité à lire les comportements de l’autre, une tendance à systématiser le réel, une propension aux routines répétitives, et malgré une intelligence parfois fulgurante, à une marginalisation des liens sociaux. A noter que ce syndrome existe depuis toujours et fut sans doute partagé par plusieurs grands génies – tels Einstein, Mozart, Newton ; les habitués de la sitcom humoristique The Big Bang Theory reconnaissant chez le personnage de Sheldon ces mêmes comportements.
Si le sujet peut paraître casse-gueule, Adam existe au contraire comme un film subtil, où les évidences s’effacent au profit de la simplicité et de la pudeur. D’abord dans la manière dont le fond, la vie d’un jeune autiste, est noué avec la forme, la comédie romantique, pour raconter une histoire douce-amère enracinée dans les plis du quotidien. Dans cette coulée des jours, le trivial – d’un événement, d’un sentiment, d’un langage – couve une émotion intense. Pour Adam en effet, les limites de l’ordinaire se réapprennent sans cesse ; mais dans sa recherche, il saupoudre la banalité d’une pureté surprenante. Sans pathos ni caricature, la personnalité du jeune homme est ainsi le creuset où vient se fondre une rencontre amoureuse bouleversante – à la fois unique et universelle : parce qu’à la fois naïve et tragique.
Subtile est également la réalisation de Max Mayer, dont c’est ici le deuxième long-métrage. Mêlant un réalisme discret à une grande simplicité de mise en scène et de cadrage, il insuffle à Adam une précieuse humilité. Dans un New-York éclatant sous un soleil glacé, la poésie est caressée du bout de la caméra, et se conjugue dans des dialogues savoureux d’humour. Enfin pour l’accompagner ultimement, le couple de protagonistes irradie: Adam et Beth sont authentiques, palpables, dans une retenue qui remue les tripes, beaux d’être charmants et d’être charmés. Hugh Dancy (déjà crédible dans Confessions d’une accro du shopping – c’est pour dire – et dans Shooting dogs) et Rose Byrne deviennent deux talents à suivre de près.
Ainsi, porteur d’une émotion pudique, et de surcroît couronné d’une fin éloignée des clichés, Adam est un petit bijou de film. Ames sensibles, ne pas s’abstenir et se laisser conter le plus incroyable – l’humain.