À l’intérieur

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Enceinte, Sarah est victime d´un effroyable accident de voiture dont son mari ne sortira pas indemne. A la veille d´accoucher, elle passe le soir du réveillon toute seule chez elle. Dans sa maison, tout est calme. Jusqu’au moment où quelqu’un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l’enfant qu’elle […]

Enceinte, Sarah est victime d´un effroyable accident de voiture dont son mari ne sortira pas indemne. A la veille d´accoucher, elle passe le soir du réveillon toute seule chez elle.
Dans sa maison, tout est calme. Jusqu’au moment où quelqu’un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l’enfant qu’elle porte en elle…

Transfuge de l´équipe de Mad Movies, Alexandre Bustillo franchit le pas et signe en collaboration avec Julien Maury, autre habitué de Mad Movies, son premier long métrage, teinté de sang et d´hémoglobine. Bienvenue chez les amateurs de films qui tâchent.

Premier constat évident à la vision du film, Bustillo et Maury sont des amoureux du genre. Le genre série B et Z d´horreur bien sûr. En mettant en scène une femme enceinte en proie à une folle furieuse ne souhaitant que lui ouvrir le ventre pour récupérer son enfant, les réalisateurs balisent des sentiers qu´ils ont arpenté des années en tant que critiques, à savoir une histoire de psychopathes ayant régulièrement recours aux armes blanches.

Dire qu´A l´intérieur se distingue des productions françaises habituelles est un doux euphémisme tant la charge de violence éclabousse le spectateur du début à la fin. Une fois passée la première demi-heure d´exposition, les réalisateurs appliquent avec une régularité de métronome les scènes d´horreur, ne lésinant pas sur les ciseaux plantés dans la main et dans le crâne, l´aiguille à tricoter enfoncée dans l´orbite ou dans le cou, et les têtes qui explosent.

Les amateurs de gore seront servis tandis que les autres spectateurs s´amuseront devant tant de grand guignol, certes assumé, mais un tantinet en deçà de ce que l´on aurait espéré. En effet, si les règles du film d´horreur sont correctement appliquées, A l´intérieur n´atteint jamais la nervosité et la virtuosité d´un Haute Tension (Alexandre Aja, 2003) ou l´organicité d´un Dans ma peau (Marina De Van, 2002), deux films français respectivement méchants et dérangeants.

Le problème n´est pas dans son traitement de la violence où, même si certaines situations sont exagérées, Sarah encaisse un nombre de coups incroyable sans broncher tandis qu´elle est sur le point d´accoucher, elles ne font preuve que de la générosité des auteurs à vouloir offrir un spectacle de tous les excès. Et l´utilisation d´une Béatrice Dalle hystérique et en manque de maternité, semblait être une garantie quant au caractère déviant de l´ensemble. On pensera d´ailleurs souvent à son rôle de cannibale dans le magnifique Trouble Every Day (Claire Denis, 2001)

Où le bât blesse-t-il alors ? Peut être dans la sous-utilisation de l´espace de la maison où l´action reste confinée, Bustillo et Maury préférant soigner leur mise en scène que construire un véritable piège pour la victime, le spectateur a la désagréable impression que le film tourne en roue libre, sans jamais aller au-delà du paramètre restreint dans lequel sont enfermés les personnages. D´autant plus dommage que le travail sur la bande son est pointu et offre au film des tonalités angoissantes, maigre reflet du grand film de terreur intra-utérine qu´A l´intérieur aurait pu être.

Il ne suffit pas en effet de tout miser sur des mouvements de caméra et une photographie en demi-teinte, très travaillée par ailleurs, pour construire un véritable film d´horreur psychologique. Sans s´ennuyer pour autant, on cherche à quel moment on parviendra à être surpris. Seule la surenchère de gore répondra à nos attentes, jusqu´à un final prévisible mais ô combien sanglant. Pour amateurs avertis.

Titre original : À l'intérieur

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Durée : 80 mn


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