A bigger splash

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A la manière de Warhol, Jack Hazan nous offre un portrait magnifique du peintre David Hockney, mais aussi de toute une époque disparue à jamais. En salles puis en DVD et Blue-Ray.

Hockney et ses amis s’aiment et s’ennuient

Sorti en 1973, ce documentaire de fiction de Jack Hazan a beaucoup fait pour la réputation du peintre David Hockney, présenté ici dans une sorte de mise en abyme de sa propre vie, avec l’apparition de ses amis, comme dans un film de Warhol, pour des aventures vraies ou fausses, et des tableaux qui les représentent dans toute leur beauté, mais aussi leur vacuité avec ces couleurs pastels qui ont fait tout le succès des oeuvres du peintre dans le monde entier. C’est une bonne idée de ressortir ce film quelque cinquante ans plus tard pour nous donner la nostalgie d’une époque encore libre, où l’on trouvait toujours une place pour se garer, juste devant chez soi ou sinon en double file sans avoir peur de se manger une prune, où on ne nous faisait pas les gros yeux si on fumait en public, et où les jeunes gens se montraient nus, près des piscines ou dans des soirées d’élection de miss bon enfant. Bref, le swinging London dans toute sa splendeur un peu décadente, un peu naïve, comme un hommage aussi au film archétypal d’Antonioni, Blow up, sorti quelques années auparavant, en 1966 et qui a marqué l’histoire du cinéma. On voit le peintre à l’oeuvre, on le voit s’ennuyer, voyager surtout vers New York, cette ville qui le fascine presque autant que la Californie, qui le fascine comme elle nous fascinait aussi alors qu’on pouvait y déambuler dans des rues sans fin, et où les affiches publicitaires collées à même les façades constituaient comme une toile de fond pour des films et qui dansaient sans fin sur des couleurs fluo.

 

 

Ex-fan des sixties, petite baby doll

Bref, une époque morte à jamais dans laquelle on aimerait tant continuer à flâner avec des vêtements moches mais colorés, passant en dehors des clous, dans une sorte de mélancolie triste et désinvolte des dandys disparus, de John Lennon à Gainsbourg sans oublier les poètes disparus comme Wilde et Morrisson, ex-fan des sixties où sont nos années folles, comme tu dansais bien le rock and roll. Surprenant, envoûtant, le film est une merveille qui emprunte certes à Warhol et à Morrissey, mais reste une oeuvre magistrale, novatrice et inimitable. On est tous fous ce beau film qui donne envie de plonger nu dans l’azur d’une piscine et d’avoir recours à ce charme indolent enfui à jamais. Jack Hazan lance une phrase aux personnages dans le plan. Une phrase souvent banale. « C’est dommage que Celia n’ait pas pu venir, non ? » Rien de plus. Le reste, c’est une succession de moments volés au temps qui passe. « Volés, mais cadrés. Ensuite, à nous le plaisir de l’insouciance d’un défilé d’Ossie Clark, un défilé où les mannequins dansent. À nous l’émotion d’Hockney qui peint l’autre de dos, lorsqu’il regarde ailleurs. Lorsqu’il est déjà parti. Les piscines sont là. Remplies, bleues, lignes droites à peine troublées par les ondes de l’eau quand les corps de tous ces garçons plongent et nagent. »

Un peintre rendu proche et immortel

À travers un fascinant mélange de fiction et de documentaire, A bigger splash nous entraîne vraiment dans l’univers du peintre anglais David Hockney et révèle les liens qu’entretiennent la vie et la création. David Hockney, entouré de ses amis, est plus vrai que nature et ce film servira à le rendre immortel. A voir et à revoir, surtout si l’on est intéressé par la peinture et le cinéma qui, ici, pour une fois, font très bon ménage.

Parallèlement à la sortie en salle le 6 octobre 2021 de la version restaurée de A Bigger Splash, les Films du Camélia propose une édition collector du film en Blu-ray et DVD. Ils seront accompagnés d’une présentation du cinéaste Bertrand Bonello, d’un livret de 12 pages avec un texte du réalisateur Jack Hazan et de Bertrand Bonello ainsi que de l’affiche du film.

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Durée : 106 mn


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