A Bigger Splash

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Thriller bling-bling et sexy, d´après La Piscine » et par le réalisateur de « Amore ». »

Île de Pantelleria, au large de la Sicile. Eté 2015, l’année érotique 1969 de La Piscine de Jacques Deray est loin derrière. Si la chaleur est la même et les tenues toujours légères, les préoccupations sociales sont plutôt du côté des réfugiés, qui affluent en nombre depuis les côtes africaines, et que le film oppose à plusieurs reprises aux affaires plus triviales de son quatuor central. Soit Marianne (Tilda Swinton), star du rock en repos des cordes vocales dans une villa prêtée par des amies et son compagnon Paul (Matthias Schoonaerts) ; bientôt envahis par Harry (Ralph Fiennes), producteur de musique, Nemesis de Paul et ancien amant de Marianne, flanqué de Penelope (Dakota Johnson), dont il ignorait l’existence jusqu’à récemment. A Bigger Splash, adaptation du film de Deray version années 2010, s’amuse d’observer ses personnages plonger aussi bien dans la piscine de la grande demeure que dans les tensions sexuelles passées et présentes. Volontiers hystérique, le film cultive surtout son côté sexy et ostentatoire type pages lifestyle de magazines de luxe, où vanité et vacuité règnent en maître : c’est que Marianne, Paul, Harry et Penelope ne connaissent pas grand chose d’autre que l’ennui élégant, le sexe facile et les tenues de créateurs.

Si A Bigger Splash échoue à frapper fort sur le plan de la satire sociale (cf. l’évocation directe des réfugiés de Lampedusa versus le vide intersidéral de la vie des rich and famous, et le désintérêt relatif des autorités quant à ces derniers au moment où un drame survient), il est plutôt séduisant dès lors qu’il s’abandonne à être au diapason de son sujet : chic et creux. Les corps dénudés des quatre acteurs – forcément parfaits – sont filmés comme objets de simple et pur désir, dans un cadre estival aussi glacé que foncièrement moite, idéalement filmés par Yorick Le Saux, à qui l’on doit la photographie du très luxueux Only Lovers Left Alive (Jim Jarmusch, 2014). En cela pas si éloigné des derniers longs métrages de Paolo Sorrentino (on pense souvent, côté imagerie bling-bling, à La Grande Bellezza (2013)), celui de Luca Guadagnino (responsable du déjà rutilant Amore en 2010) s’ambitionne peut-être moins incisif, mais n’oublie pas que son histoire est celle de toute une ribambelle de convoitises. Grandement aidé par des comédiens irréprochables et fortement compatibles, A Bigger Splash ne marque pas durablement, mais se révèle souvent excitant.

Titre original : A Bigger Splash

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Durée : 125 mn


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