15 ans et demi

Article écrit par

Thomas Sorriaux et François Desagnat, réalisateurs de La Beuze et Les 11 commandements, reviennent dans les salles obscures avec comme bagage une comédie sentimentalo-comique sur l´adolescence. Alors, âge ingrat ou âge tendre ?

15 ans et demi est un film sans grande prétention sur les affres de l’adolescence, mais aussi sur celles de la parentalité. Après presque 15 ans d’absence, Philippe Le Tallec, scientifique de renom, revient en France quelques mois afin de s’occuper de sa petite fille Eglantine, plus si petite que ça. En effet, Eglantine a déjà 15 ans, que dis-je, 15 ans et demi. Elle parle en verlan, se teint les cheveux, tchate sur le net, a un piercing au nombril et se rend dans aux rave…Bref, une véritable angoisse pour son père qui se retrouve rapidement en conflit avec sa fifille chérie.

Le scénario tient en quelques lignes. Les rebondissements sont des plus attendus et la fin perceptible dès les premières minutes du film. Le récit s’appuie sur ce problème de communication qui oppose nécessairement la caste adulte et la caste ado. Cette difficulté universelle est ici, malheureusement, réduite à de très et trop nombreux clichés. Les gags, eux aussi trop nombreux, font rarement rire. L’apparition d’Albert Einstein en copain imaginaire du papa Daniel Auteuil interprété par François Berléand est absolument absurde. Il n’y a guère qu’Alain Chabat en junkie punk qui fasse sourire.

Daniel Auteuil en papa surprotecteur, inventant les plus fous stratagèmes afin d’éloigner les garçons de sa fille, est crédible. Il incarne bien ce père près à tout pour sauver sa fille mais aussi pour créer à nouveau un lien entre elle et lui (il va même jusqu’à participer à un stage de rééducation pour pères en difficulté). La jeune Juliette Lamboley donne également vie et force à son personnage d’Eglantine. Le duo Auteuil/Lamboley fonctionne bien mais ne suffit malencontreusement pas à porter le film.

15 ans et demi reste une comédie finalement ni vraiment drôle ni vraiment touchante. L’adolescence est pourtant un thème porteur, et très souvent bien abordé. Mais ce ne sera pas le cas dans ce film.

Titre original : 15 ans et demi

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Durée : 97 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…