XXY

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Un film franc, qui ne cherche pas à se jouer de son spectateur ou à lui cacher quoi que ce soit, parfois au risque d´interpeller, voire de choquer.

Cette année 2007 est décidément celle du cinéma latin de talent. Ce film réalisé par Lucia Penzo, né d’une collaboration entre Argentins, Français et Espagnols, est une preuve de plus que le cinéma Sud Américain a beaucoup d’avenir.

Alex, une jeune adolescente de 15 ans, est hermaphrodite. Après sa naissance, ses parents ont décidé de quitter Buenos Aires pour s’installer sur la côte uruguayenne dans le but de protéger leur enfant. Le film débute avec l’arrivée d’un couple d’amis accompagnés de leur fils Alvaro, âgé de 16ans. Le père est un chirurgien dont la venue est essentiellement motivée par son intérêt médical pour la jeune fille. De leur côté, Alvaro et Alex apprennent à se connaître et à affronter leurs peurs respectives.

La trame se déroule dans un décor idéal, sur fond de côtes abruptes sculptées par les vagues de l’Océan Atlantique. Un vrai petit paradis. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. L’intensité du film est entière et n’est jamais altérée. Du début à la fin, le cadre presque sauvage, le jeu des acteurs et le travail de la caméra se chargent de rendre l’émotion aussi tangible que possible. Au fur et à mesure un jeu s’installe et la curiosité est très vite aiguisée.

Entre ombre et lumière, XXY parvient à élaborer un petit jeu qui peut parfois sembler malsain. Plus le personnage d’Alex se dévoile, plus le regard voudrait la découvrir, comme si voir pourrait apporter quelque chose de plus. S’installe alors une réflexion sur la différence, le rejet et ce que l’hermaphrodisme, encore tabou aujourd’hui, peut illustrer quand il est présenté avec doigté et réalisme. Certaines scènes assez inattendues interpellent moins par leur incongruité que par la réaction qu’elles provoquent : le rire, pas le grand éclat de rire, pas ce rire franc, mais un petit rire gêné, car c’est, après tout, la meilleure chose à faire. Une petite touche d’humour décalé qui montre bien que, même si l’on se croit préparé, l’embarras n’en est pas moins présent.

Grand Prix de la semaine de la critique au Festival de Cannes cette année, lauréat du Prix du public lors de sa présentation au festival « En route vers le Monde », ce film ne laisse pas indifférent. Malgré un thème délicat, son message est universel et l’hermaphrodisme reste un moyen d’aborder la différence, de montrer la difficulté de l’adolescent à accepter les changements de son corps et de traiter les premiers émois amoureux d’une façon originale. Derrière ces grandes lignes, la réalisatrice parvient aussi à évoquer l’amour paternel qui est ici mis au centre du drame, comme un pilier pour la jeune Alex, comme son unique valeur sûre.

Un film franc qui ne cherche pas à maquiller la vérité, au risque d’interpeller, voire de choquer. Un thème original et peu courant couplé au talent des acteurs et de la réalisatrice pour un résultat final qui n’a aucune peine à convaincre. A voir et à méditer…

Titre original : XXY

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Durée : 92 mn


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