Sur fond de dévastation et de terreur, le sergent Julien Maillat (un Belmondo gouailleur en diable, dans un rôle synthéthisant Pierrot et Poiccard) s’acharne à survivre, entre la violence du sentiment amoureux que lui inspire une irréductible jeune fille refusant la fuite, et la camaraderie salvatrice qui le lie à ses copains, l’optimiste Alexandre et le stoïque Pierson.
Pour évoquer son sujet, Henri Verneuil fait le choix du Scope, des explosions impressionnantes et des milliers de figurants. Le résultat, quarante ans plus tard, est d’une poésie et d’une démesure toujours aussi bluffantes. Chaque plan est composé comme un tableau dont les arrière-plans sont particulièrement soignés, qu’il s’agisse des scènes de bataille (la séquence de l’embarquement est un véritable morceau de bravoure) ou des scènes plus intimes, familières mais soutenues par des dialogues qui font mouche.
Bien qu’elle ne soit pas toujours très cohérente, la construction narrative du film, en spirale, est le cadre parfait pour le parcours initiatique de Maillat, quête inévitable mais sans objet, si ce n’est de découvrir une raison d’être au milieu du chaos. Le désoeuvrement des soldats, la peur des obus et des bombardements des stukas, la brutalité de la guerre mèneront notre héros à réaliser l’absurdité de la condition humaine. Cette prise de conscience inscrit Week-end à Zuydcoote dans la droite ligne de l’oeuvre de Camus – et plus généralement de la littérature humaniste de l’après-guerre (le roman de Robert Merle paraît en 1949) – mais est également à replacer dans le contexte de 1964 (date de la sortie en salles), et des prémices des grands mouvements contestataires.