Le nouveau film de Samuel Benchetrit emmène son ex-compagne Anna Mouglalis faire un long, très long voyage…
Les habitués et les adorateurs du cinéma de Samuel Benchetrit risquent d’être déçus par ce nouveau film, Un Voyage. Bien loin de Janis et John (2003) et du sublime J’ai toujours rêvé d’être un gangster (2008), le réalisateur signe cette fois-ci une œuvre à part dans sa filmographie, une œuvre sur l’amour, sur la mort, le couple et l’euthanasie. C’est au cours d’une soirée passée devant la télévision face à un documentaire, Le Choix de Jean, que Samuel Benchetrit et son ex-compagne Anna Mouglalis se sont lancés dans une discussion sur la fin de vie. À la vie, à la mort, à l’amour? Le réalisateur, en très peu de temps, écrit son scénario et décide de donner le rôle principal à Anna Mouglalis, sans y réfléchir à deux fois. En trois mois, avec une toute petite équipe technique, moins de dix personnes sur le plateau, Un Voyage se tourne, entre la France et la Suisse, en pleine nature, dans les rues de Lausanne, dans un hôtel, dans une école primaire. Et il faut finalement un long voyage au réalisateur lui-même pour monter son film, deux ans plus tard.
Un Voyage est un film dur, complexe, à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar. Le tournage a été fait avec peu de moyens : on sent que les acteurs, Anna Mouglalis et son ami Yann Goven, n’ont pas été perturbés par la technique ou les techniciens qui ont travaillé sur ce long métrage. Du coup, ils se donnent sans limite à une caméra presque malsaine, ils sont à fleur de peau et ça se ressent. Tourné caméra à l’épaule pour certains plans, dans les rues désertes d’une Suisse autorisant l’euthanasie, le film prend une dimension puissante, bien au-delà de la fiction derrière laquelle n’importe quel acteur ou actrice peut se cacher. Anna est Mona, cette femme à un week-end de la mort. Elle décide avec son compagnon de partir, mais ne fait rien. Alors elle provoque des événements, pour que son mari écrivain puisse écrire le dernier chapitre de son roman, sur elle. C’est une performance d’actrice, une rencontre avec la mort, tout en acceptant de quitter la vie, l’amour.
La musique du film est signée du chanteur Raphael. Les rôles principaux étaient prévus à l’origine pour Jeanne Cherhal et Arthur H. Mais finalement, c’est du côté de l’intime, du fragile que Samuel Benchetrit est allé piocher. Céline Sallette incarne Claire, l’amie d’une soirée, d’une journée, au courant d’un grand secret de Mona. Anna Mouglalis est épatante tant par sa douceur, sa tenacité mais surtout sa force. Que ferions-nous la veille de notre mort ? Rien. Tout le poids d’un sujet si difficile à aborder au cinéma repose sur ses frêles épaules. Samuel Benchetrit a tenté d’exprimer sa propre fragilité, son rapport à la mort avec ce voyage, cette fiction hors-norme.
Le film est loin d’être parfait, il laisse un goût amer à la fin de la projection, comme une envie de vivre pleinement sa vie, sans se soucier de la mort. Il pose aussi les bases d’un questionnement sur l’euthanasie, acceptée en Suisse. Peut-on véritablement programmer l’heure de sa mort? Malgré quelques moments creux, malgré une caméra bien trop frémissante, Un Voyage a le mérite de faire réfléchir et surtout, de faire ressentir à tous ceux qui franchiront le cap d’aller voir le film en salle, une sensation de malaise, de doute, de perte. Un film à part.
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…
Lundi 7 juillet, au cours d’une cérémonie à la cinémathèque française, un long métrage et un court métrage se verront attribués le prix Jean Vigo, 2025. Wang Bing sera également récompensé pour l’ensemble de son œuvre.
L’anthologie du suspense et de l’humour orchestrée par Sir Alfred Hitchcock. 268 histoires courtes – dont un grand nombre d’inédits- à dévorer sans modération.