Mr. Blandings builds his dream house est une comédie entraînante qui donne à voir une famille américaine tentant de construire un foyer et qui s’empêtre petit à petit dans un chaos innommable.
Le genre est donné dès le début : la tension entre la voix off qui vante les mérites de la vie new-yorkaise et les images qui viennent démentir cette vision idyllique préfigure l’ironie constitutive du film. La narration est en partie assurée par le meilleur ami du couple qui entrevoit avec distance et méfiance l’achat de cette maison au fin fond du Connecticut. Il nous présente ainsi la famille américaine typique : un couple, deux enfants, un bon salaire et un appartement dans un building. Cette voix-off distante va même jusqu’à prendre à un moment en charge le dialogue, changeant tour à tour de voix, pour créer une nouvelle fois, de façon originale, un écran entre l’image de l’Amérique moyenne et la réalité.
La narration s’ouvre sur le réveil de cette famille modèle. L’espace est immédiatement perçu comme source de conflit : les placards trop petits où tout dégringole quand on les referme, le miroir de la salle de bains à partager entre deux époux, les roulements pour la douche ; tout est ici source de chaos. Mr Blandings, publicitaire, décide alors d’acheter une maison loin de la ville pour construire un véritable foyer. C’est ainsi que ses ennuis commencent !
Cary Grant joue avec brio l’américain moyen se faisant escroquer par un agent immobilier qui lui vend une ruine au prix d’un monument historique. Cette maison est pour le couple un fantasme, comme en témoigne la scène chez l’architecte où chacun dessine le plan irréalisable de la maison parfaite, le choix problématique des couleurs pour les murs ou encore la salle de bain personnelle pour chaque membre de la famille. Mais les factures s’alourdissent, le chantier s’éternise et la famille s’installe dans une maison sans fenêtres et se déplace avec des manteaux sur les épaules. Le rêve tourne au cauchemar pour le mari qui doit se lever à cinq heures du matin pour aller travailler et tend à se faire remplacer dans son foyer par son meilleur ami qu’il soupçonne d’entretenir une relation avec sa femme.
Tous les types de comiques sont réunis ici pour offrir au spectateur une cascade de fous rires. Le comique de répétition avec les différents ingénieurs qui se succèdent et apportent tous la même réponse devant la ruine qui leur est présentée : « démolissez-là », le comique de situation, où le couple et l’ami se retrouvent enfermés dans une pièce de la maison en construction mais aussi la rapidité des dialogues qui tient constamment en haleine le spectateur.
Ce film laisse entrevoir, grâce à son happy end, l’accomplissement que procure la création d’un foyer. La famille américaine moyenne nous livre finalement une image de bonheur parfait, le cauchemar chaotique de la construction laissant alors la place au bien être de la possession. Mr Blandings a enfin construit la maison de ses rêves…