Ultimate Game (Gamer)

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Dans un futur proche, les nouvelles technologies ont fait évoluer le jeu vidéo. Le principe créé pour le jeu << Les Sims >> est appliqué à des êtres humains qui sont manipulés par des joueurs en ligne…

Le duo de réalisateurs Neveldine/Taylor avait fait sensation dans le monde du cinéma d’action avec leur premier film, Crank (Hyper tension chez nous). Le pitch astucieux voyait Jason Statham, victime d’un poison mortel, obligé de stimuler constamment son adrénaline pour en atténuer les effets dans une ébouriffante course contre la montre. Ce Speed humain autorisait donc tous les dérapages trash, violents et outranciers possibles avec un Statham qui, pour se maintenir en vie, sniffait des kilos de coke, s’infligeait sans faillir de hauts voltages d’électrochoc ou encore couchait avec sa petite amie en plein quartier de Chinatown devant des passant médusés. Le tout dans un filmage des plus confus, censé retranscrire l’état mental et physique de son héros. Ce spectacle outrancier et vulgaire était aussi consternant que génial mais faisait du bien à un cinéma d’action bien timoré par les Jason Bourne et rappelait le temps des métrages bruyants et excessifs des 80’s et les scripts chargés de langage ordurier d’un Shane Black. En attendant la suite (gros four aux États-Unis et qui sortira directement en dvd chez nous), ce Ultimate Game permettait de voir ce que valaient les réalisateurs dans un autre registre.

On déchante assez rapidement devant un univers SF peu original et ressassant des thématiques rabâchées. Le film semble être un gros mélange entre le Avalon de Mamoru Oshii (pour l’univers du jeu vidéo et le monde virtuel), La Course à la mort de l’an 2000 pour l’aspect violence comme opium du peuple (avec des emprunts flagrants au récent remake de Paul Anderson), voire même le Ultraviolet de Kurt Wimmer (gros nanar futuriste flashy du début de la décennie) pour l’esthétique criarde et vulgaire.

Le traitement aurait pu faire la différence, mais ici, il enfonce un peu plus le tout. On devine ce qu’ont voulu faire les réalisateurs, mais c’est raté. Souhaitant retranscrire visuellement tout l’aspect putassier et vulgaire des spectacles télévisuels abrutissant le peuple, le récit adopte un ton surchargé de couleurs, au montage hystérique et à la réalisation confuse, rapidement éreintante pour le spectateur. A la manière de Crank, le souhait était de retranscrire l’aspect sensitif des personnages plongés dans les mondes virtuels, mais le tout n’est pas assez pensé pour être cohérent et compréhensible à l’écran. Certaines tentatives de transposer la vulgarité de Crank sont aussi particulièrement malvenues, telle cette évasion où Gerard Butler termine une bouteille de whisky qu’il va ensuite recracher puis uriner dans le réservoir d’une voiture pour la faire démarrer et s’évader.

Le seul point à sauver serait l’interprétation des deux héros. Gerard Butler apporte sa présence solide et virile gagnée dans 300 et surtout Michael C. Hall, libéré du taciturne Dexter, offre un réjouissant cabotinage dans ce rôle de méchant omniscient et imbu de lui-même, dont une étonnante scène de danse.

En attendant de voir Crank 2 : High Voltage (annoncé plus fou encore que le premier film), ce ratage démontre que Neveldine et Taylor sont sans doute les (très malins) hommes d’un seul film.

Titre original : Gamer

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Durée : 95 mn


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