Dès le départ, Toast sonne trop « tendance » pour faire des étincelles : on est transporté dans le décor rétro de l’Angleterre des années 60 pour la mise en images du livre de souvenirs du célèbre Nigel Slater (au moins outre-manche), cuisinier british et animateur de sa propre émission culinaire sur la BBC… ! Le film aurait dû être une lettre d’amour aux goûts et aux odeurs de l’enfance de Slater, mais il n’arrive pas à trouver son rythme pour passionner et se résume en fait à l’opposition simpliste entre le petit Nigel et son horrible belle-mère. SJ Clarkson s’est trompée dans la recette.
Mis à part Le Festin de Babette et dans un genre opposé Ratatouille, le film « culinaire » (Le Chocolat, Julie et Julia…) n’a jamais réservé de réelle surprise et est souvent proche de l’overdose. Toast ne sera pas l’exception qui confirme la règle et l’on est souvent à la limite de l’écoeurement. SJ Clarkson mise sur le décor et la forme et en oublie complètement la qualité des ingrédients et le fond. La plastique du film est en effet, très travaillée et donc très réussie ! Les pâtisseries sont les stars de Toast et le stylisme culinaire colle impeccablement à l’univers du film inspiré du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Le résultat final est un emballage agréable, une reconstitution pointilleuse de l’Angleterre version sixties, des couleurs chaudes et flashy, juste ce qu’il faut de nostalgie. SJ Clarkson donne à Toast des airs de bonbon acidulé, mais oublie de faire mijoter ses personnages et son intrigue.
Car si Toast manque cruellement de saveur, c’est certainement parce que son intrigue reste trop simpliste et qu’à force, le film s’essouffle. Les thèmes forts (quête de soi, révolte père/fils…) qui aurait dû être abordés se résument dans le film à l’opposition culinaire entre Nigel et son horrible belle-mère, Miss Potter. L’intrigue n’est pas suffisamment étoffée pour fournir un véritable rythme au film et aucun des personnages n’évolue. Résultat, très rapidement on se fatigue de voir Nigel et Miss Potter se disputer l’amour du père à coup de petits plats au point d’être agacé par le jeune héros trop peu charismatique et d’éprouver de la tendresse pour la belle-mère mégère. Pourtant certains éléments auraient pu redonner du souffle au film. L’homosexualité de Nigel, par exemple, est traitée d’un revers de main et arrive comme un cheveu sur la soupe, pourtant elle aurait pu donner un coup de fouet au film et réussir à recaptiver l’attention du spectateur.
Malgré tout, tout n’est pas à jeter et Toast reprend un peu de saveur grâce à un casting convaincant et à une mise en musique au poil ! Cuisiner en écoutant Dusty Springfield ou des vieux tubes français, on adhère ! Tout autant qu’on aime la prestation du jeune Oscar Kennedy, transformé en ado perturbé par la mort de sa mère. Ce dernier donne la réplique à la grande Helena Bonham Carter, incroyable en mégère un brin vulgaire, clope au bec. Grâce à eux, Toast nous redonne l’appétit !
Au final, Toast est un film très appétissant qui manque cruellement de goût. Dommage.