Une comédie décevante qui manque de finesse et de justesse, centrée autour de personnages auxquels on peine à s’attacher.
Song for Marion lorgne du côté de la « comédie de mœurs sans aucune prétention ». Il s’agit d’un récit plutôt intimiste, en tous cas centré autour de ses personnages : Arthur et Marion, un couple de retraités londoniens dans un premier temps ; puis Arthur et Elizabeth, une jeune femme au caractère enjoué qui noue avec Arthur une relation quasi-filiale. Song for Marion, c’est finalement l’histoire d’un homme qui, grâce à ces deux femmes, parvient à trouver au fond de lui assez d’énergie pour se reconstruire une vie. Mais derrière cette ligne directrice simple, qui fleurait bon les grandes comédies, celles qui naviguent entre rire et larme et exhalent, par la force de leur récit et de leurs personnages, toute la grandeur de la nature humaine, il n’y a malheureusement pas grand-chose, à part la frustration d’un film qui se contente de peu, bien trop peu.
Le récit est structuré en deux parties distinctes. La première partie tire en longueur, manque cruellement de rythme, d’originalité et de souffle. Elle est centrée autour du couple de retraités qui, bien entendu, présentent des caractères diamétralement opposés. Elle est affable, ouverte d’esprit, et ne souhaite qu’une chose : profiter de la vie tant qu’il en est encore possible. Lui est devenu, probablement au fil des années, grincheux et aigri. Allergique à toute relation sociale ou presque, il est à la limite de la misanthropie, allant jusqu’à se brouiller de manière durable avec son propre fils. Mais ils s’aiment. Et la mort de sa femme sera, pour lui aussi, une petite mort. L’occasion, ou plutôt la nécessité, de se réinventer une nouvelle vie et de s’ouvrir aux autres pour ne pas sombrer.
Une fois passé ce revirement narratif surprenant, mais amené avec force pathos et sans aucune finesse, le récit aborde ensuite une tournure bien différente, centrée autour du couple entre le héros et Elizabeth, une jeune femme qui pourrait être sa fille. Celle-ci dirigeait la chorale dont Marion était une assidue de la première heure. Arthur, bien entendu, dénigrait l’enthousiasme de sa femme pour cette passion dont il ne voyait pas l’intérêt. Mais progressivement, en la mémoire de son épouse, et grâce à cette jeune femme au caractère définitivement enjoué, il donne la preuve qu’il n’est jamais trop tard pour changer.
Malgré un casting plutôt attirant, les acteurs ne parviennent pas à tirer l’histoire vers le haut, à donner du souffle à leurs personnages et à les rendre attachants. Vanessa Redgrave manque de présence, Terence Stamp cabotine à longueur de temps et Gemma Arterton ne parvient pas à se détacher du côté niaiseux de son personnage. Si la première partie était décevante car lisse et ennuyante, la seconde est gâchée car bien trop convenue et dénuée de toute finesse, en particulier lors du dénouement.
Au final, Song for Marion est un film un peu creux et superficiel, qui navigue dans les eaux de la comédie mais sans la poésie d’un Billy Elliot (Stephen Daldry, 1999) et sans la drôlerie d’un Full Monty (Peter Cattaneo, 1997). Sans prétention il faut en convenir, mais sans exigence non plus : c’est bien dommage.
Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…