Sans état d’âme

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Une tentative navrante d´égaler le brio d´un polar italien musclé, cérébral et urbain.

Vincenzo Marano, formé à la mise en scène grâce aux séries télévisées, réalise son premier long-métrage. (Très) librement adapté du roman Histoire d’une prostituée de Clara Dupont Monod, Sans état d’âme est un film au visuel brillant mais qui peine lourdement à échapper au schéma classique et aux clichés des polars italiens.

La Cosa Nostra aurait-elle traversé les Alpes ? Certainement pas, d’où un Sans Etat d’âme sous forme de pastiche médiocre et sans originalité du style italien. S’entichant à reprendre les archétypes transalpins, Vicenzo Marano restreint son film à un catalogue de personnages. A savoir, le flic anti-conformiste mais intègre ; la journaliste mignonne, bosseuse et idéaliste ; la prostituée de luxe et enfin un juge véreux, arriviste et avide de pouvoir. Toute une gamme de personnages au plus haut point "caractéristiques".

Hormis ce bel exercice d’école, aucun de ce personnages ne parvient à s’éveiller, à trouver son autonomie et à posséder une pointe de profondeur. Clichés ambulants, ils sont humanisés par les atours d’une musique douce et des ralentis, seuls éléments donnant du rythme du film. Mais ces effets ont un inconvénient fort dommageable : ils portent davantage à distance les personnages de l’intrigue, les isolant et rendant inepte la continuité du film.

A l’instar du genre originel, ce premier long-métrage ne renonce pas à marier un fond politique et des enjeux sociaux. Ainsi, les protagonistes s’efforcent d’élucider le meurtre d’une call-girl et tentent d’éviter d’être impliqués dans un réseau de prostitution. Malheureusement, cette partie est mise de côté au détriment d’un ressort amoureux factice et peu surprenant. Se concentrant sur le trio amoureux formé par la prostituée, le juge et la journaliste, et accompagné de dialogues d’une affligeante platitude, le réalisateur semble apprécier la facilité, certaines scènes laissant place à une caricature risible. Le seul avantage film revient au nouveau visage de Paris, méconnaissable en digne épigone de New York.

Vicente Marano trouve l’opportunité de réviser ses classiques et d’affiner sa grammaire formelle. Et après ? Sans état d’âme ne va pas au delà d’un condensé de clichés et de caricatures.

Titre original : Sans état d'âme

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Durée : 97 mn


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