Au début des années 1930, certains cinéastes illustres du muet comme René Clair s’offusquent de l’arrivée du parlant et des dérives qui en découlent. C’est le règne, jusqu’au milieu des années 1930, d’œuvres médiocres à la mise en scène statique confinant au théâtre filmé avec un dialogue roi. L’homme de théâtre Sacha Guitry, par sa parfaite compréhension du médium cinéma, saura concilier les deux. Ainsi, le brillant Le Roman d’un tricheur (1936) associe la virtuosité du verbe à un portrait mordant par une pure inventivité formelle qui fera des émules avec Noblesse oblige (1949) de Robert Hamer ou Les Affranchis (1990) de Martin Scorsese. La dynamique du vaudeville et de la comédie de boulevard est étincelante dans Faisons un rêve (1936) ou Désiré (1937), et fait du langage un vrai moteur dramatique dans Le Mot de Cambronne (1937). Passée cette frénésie première dans son appropriation du cinéma – quatre films signés pour la seule année 1936, qui lance sa filmographie –, Sacha Guitry saura par la suite se réinventer, notamment en s’éloignant des adaptations de ses propres pièces, en voguant notamment de la comédie noire La Poison (1951) à la grande fresque historique décalée Si Versailles m’était conté (1953).
Bonne lecture avant un prochain Coin du cinéphile consacré au western américain pro-indien !