Rétrospective Johan van der Keuken – du 17 janvier au 19 mars 2018

Article écrit par

La toute nouvelle programmation de la Bpi du Centre Pompidou initiée par la cinémathèque du documentaire, commence le 17 janvier avec un cycle de 3 mois consacré au maître hollandais du cinéma du réel : Johan van der Keuken.

Du 17 janvier au 19 mars 2018 au Centre Pompidou (Cinéma 1 et 2), aura lieu une rétrospective de l’œuvre du grand maître hollandais du cinéma du réel : Johan van der Keuken. La cinémathèque du documentaire, à l’initiative et organisatrice de ce projet, est une entité publique qui a pour mission notamment de recenser et de favoriser la diffusion d’œuvres qui, d’ailleurs, attirent un public toujours plus nombreux. Accueillie par la Bibliothèque publique d’information (Bpi), cette rétrospective Van der Keuken est un petit événement culturel en soi car elle marquera le point de départ de trois grandes saisons de projections de films documentaires par an, proposant chacune un cycle phare. En somme, à partir du 17 janvier, tous les spectateurs pourront s’immerger dans une programmation de documentaires venus du monde entier, des grands films classiques aux toutes dernières créations.

 

En commençant par un cycle Johan van der Keuken, les organisateurs ont choisi de mettre à l’affiche un classique car le Hollandais – disparu en 2001 – même s’il est sans doute encore relativement méconnu du grand public en France, est un documentariste très important. Influencé à ses débuts par le Alain Resnais de L’Année dernière à Marienbad (1961) et Muriel (1995) puis par Chris Marker, Keuken a marqué son art par l’originalité de son approche et par sa conception très personnelle des différentes étapes de la fabrication d’un film. Ainsi déclare t-il en 1998 (revue Bref) : « Comme dans la vie, il faut à la fois des redites, des choses évidentes et des choses mystérieuses. » Il écrit aussi en 1985 dans un article intitulé Le cinéma selon van der Keuken, alors qu’il s’exprime sur l’étape du tournage, que « la part d’intuition est énorme ». Mais cette intuition, ne nous trompons pas, n’est pas que pure inspiration, elle est aussi le résultat d’un long travail préalable au tournage, de réflexions constantes sur le filmage… L’oeuvre du « Hollandais planant » (Serge Daney) se conjugue à tous les formats mais peu importe la longueur de la pellicule qu’il emploie, ses films ont un charme si particulier qu’ils ne peuvent pas être confondus avec le travail d’un autre artiste. Denis Gheerbrant, documentariste et admirateur de Keuken, parle d’un choc, d’un éblouissement lorsqu’il visionna La Jungle plate (1978) : « Une voix douce et ferme nous accompagnait, des images au contenu hétérogène s’enchainaient par la grâce d’analogies formelles. »…

 

Big Ben : Ben Webster in Europe – Johan van der Keuken, 1967

Ainsi toute l’œuvre de Keuken est en perpétuel mouvement et c’est bien à un voyage prolongé à travers cette œuvre – dont Luc Dardenne déclarait que « chaque film (vu) est une expérience de la descente-remontée-traversée des couches et des horizons du regard, expérience d’une visite, d’une errance, d’un égarement » -, à laquelle nous invite dés la semaine prochaine le Centre Pompidou et la cinémathèque du documentaire. Gageons que ce premier cycle plein de promesses soit la rampe de lancement idéale de ce nouveau pôle de découvertes de documentaires venus de tous les horizons, en accueillant un public nombreux dans les salles de ce haut lieu parisien de la culture qu’est Beaubourg.


Biographie

Johan van der Keuken est né à Amsterdam en 1938. Très jeune il fait de la photo et publie un premier album vers 1935, Nous avons dix-sept ans. Il obtient une bourse et entre à l’Idhec (maintenant, la Fémis), à Paris. Il mène dés lors, simultanément ou alternativement une activité de photographe, de cinéaste et de critique de cinéma (dans la revue Skrien notamment). Parmi ses films les plus connus : L’enfant aveugle I et II (1965-1966), Les vacances du cinéaste (1974), La Jungle plate (1978), L’œil au dessus du puits (1988), Cuivres débridés (1993) et Amsterdam Global Village (1996). En 1998, se sachant atteint d’un cancer, il repart en voyage et réalise son dernier long métrage, Vacances prolongées, film qui sort en 2000. Johan van der Keuken meurt en janvier 2001.


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi