Propriété interdite

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Une vieille maison pleine de charme, un couple antinomique au bord de la rupture, un suicide… Le dernier film d´Hélène Angel, bien ficelé et bien écrit, nous mène tout droit vers… la cave. Cauchemar de gosse au grand jour.

Qui n’a pas été une fois ou deux terrorisé par des bruits venus « d’en bas » ? Qui, au final, n’a jamais voulu rester seul dans une grande maison de campagne frappée par une mort subite ? Dans Propriété interdite, le décor d’épouvante est posé. Un couple marié, sans enfant, sans vie et à cran s’installe dans une maison de famille sérieusement endommagée par un ancien habitant malheureux, bordélique et alcoolique (les cannettes de bières se comptant en kilos).

Obsession maladive

Claire, sœur du défunt Michel, fragile et effacée, renoue dans cette grande maison avec son enfance, ses souvenirs, ses émotions. Interprétée par l’excellente Valérie Bonneton – effrayante, surtout connue pour ses rôles comiques –, Claire se trouve bien seule face à sa douleur. Son mari, Benoît, n’est quant à lui obsédé que par une chose : vendre la maison à son meilleur prix. Charles Berling campe ici un personnage sec, dur et nerveux.

  

Leur point commun – l’obsession respective de l’un pour l’argent, de l’autre pour son passé – les rend hystériques. En s’aventurant petit à petit dans les moindres coins de la maison, ces deux-là vont s’éloigner l’un de l’autre, se haïr, se rejeter.

Le trou noir de l’angoisse

Un trou, un mystère. Hélène Angel continue à filmer le sentiment de peur (Peau d’homme, cœur de bête, Rencontre avec le dragon) et détourne dans ce nouveau long-métrage l’attention du spectateur en jouant avec ses présupposés. Propriété interdite débute avec un suicide, se poursuit via la présence d’un trou, se termine – sans rien révéler – par une folie humaine. L’action se déroule presque en huis-clos, dans cette maison de la solitude, de la mort, de l’angoisse.

Comme une sorte de jeu de piste, ce film relativement bien construit autour du couple met en lumière une histoire au final très inspirée du réel, de l’actualité. Presque possédée, Claire va jusqu’à l’extrême, oubliant les conséquences de ses actes et se laissant complètement aller à une déraison sanglante.

Entre fausses pistes, horreur pure et mises en scènes, Propriété interdite s’inscrit dans la catégorie des films sans prétention mais efficace.

Nota bene : Eviter d’habiter une maison avec une cave suspecte…

Titre original : Propriété interdite

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Durée : 80 mn


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