Un homme trimballant sa guitare sur le dos, de rue en rue, rencontre une femme d’origine tchèque devant les vitrines des magasins dublinois. Tous deux vont se rapprocher autour de leur passion commune : la musique.
L’on qualifie souvent le silence d’éloquent mais dans Once, la part belle est consacrée à la musique. Ancien membre du groupe, The Frames, John Carney a voulu rendre hommage aux comédies musicales mais son long métrage n’en est pas une. Le film s’éloigne des conventions mais s’attache à une simplicité toute enivrante. Les dialogues sont laconiques, toutefois, l’émotion est bel et bien présente. Les personnages privilégient les chants accompagnés des notes d’une guitare et d’un piano pour communiquer leur spleen, leurs peines de cœur et le sentiment amoureux qui les gagne. Exit les mots et place aux notes car, une chanson de trois minutes vaut dix pages de dialogues pour décrire une palette large d’émotions, selon le réalisateur.
Once est l’histoire d’une rencontre de deux personnages habités par la solitude et fous de musique. L’amour y est chanté mais l’atmosphère est loin d’être radieuse. Le film s’inscrit dans une réalité, celle où l’on peine à joindre les deux bouts, à travailler plus sans nécessairement gagner davantage. L’un des personnages principaux, réparateur d’aspirateurs, se voit contraint d’endosser sa tenue de musicien de rues pour arrondir ses fins de mois tandis que l’autre vend, non pas des allumettes, mais des fleurs dans les rues irlandaises, lieu où errent les âmes précaires et où les pauvres dérobent les piécettes des moins pauvres. Néanmoins, le réalisateur évite de s’engouffrer dans le misérabilisme en évoquant cette réalité par petites touches, diffuses çà et là.
Once est une très belle histoire d’amour, les cœurs vibrent aux sons de notes musicales, au milieu de la simplicité. Ici, point de mièvrerie mais une authenticité éclatante. Marketa Irglova, jeune actrice néophyte interprète son personnage avec un naturel frappant. Idem pour Glen Hansard, qui a déjà travaillé aux côtés d’Alan Parker (dans The Commitments) mais qui demeure avant tout le chanteur de The Frames. John Carney embrasse bon nombre de thématiques dans son film et y varie les tons, allant de la mélancolie à l’humour tendre. Le réalisateur s’amuse avec les lieux communs de la rencontre amoureuse en inscrivant le motif du rendez-vous dans le prosaïsme le plus profond.
Empli d’humanité, Once se présente finalement comme une boîte à musique d’où s’échappe avec euphonie et au milieu d’un monde maussade, un sentiment d’ivresse et de réconfort. Et l’on aimerait bien garder cette petite boîte, là, juste au fond de sa poche, toujours auprès de soi…