Okja

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Le réalisateur sud-coréen a créé de toute pièce une histoire d´amitié et d´humanité, par le biais d´une créature sortie des ténèbres… Bluffant.

Après Snowpiercer (2013), Mother (2009) ou l’excellent Memories of Murder (2003), le maître du cinéma sud-coréen revient avec un film inattendu, Okja, l’histoire bouleversante d’une jeune fille, Mija, et d’un énorme animal au grand cœur mais aussi à la chair tendre. Véritable critique de notre société de consommation, point de vue fictionnel et émotionnel sur la viande et ses abattoirs, relation touchante entre l’homme et l’animal, au sens large, Bong Joon-Ho transperce le mystère de notre époque, à savoir quoi manger et à quel prix.

Le film, malgré la polémique au Festival de Cannes due à sa sortie sur Netflix et non en salles, est d’une beauté incomparable. Tel un gros cochon, l’animal conçu par l’ami dessinateur du réalisateur, Hee Chul Jang – qui a croqué le monstre de The Host, est le personnage principal de Okja, à la fois attachant et répugnant. La maîtrise du scénario et de la réalisation, où rien ne paraît fait via des effets visuels, nous plonge littéralement dans l’histoire entre cette jeune fille et cet animal, dont l’amitié est cassée par la représentation consommable de Okja pour le peuple mondial. Jusqu’à quel prix faut-il le vendre, le tuer ?

 


Le réalisateur Bong Joon-Ho
Bong Joon-Ho nous embarque entre les États-Unis, la Corée, l’Europe, entre terres et mers, camions et abattoirs, sans laisser ses opinions s’exprimer au détriment de la fiction et de l’histoire proposée, assez rude, émouvante, et où l’humour est de mise dans des situations et des mises en scène spectaculaires. Tel un conte, on se plonge dans les péripéties presque mortelles de l’animal, auquel on s’attache nous aussi. Le casting y est pour beaucoup, avec Tilda Swinton que l’on retrouve devant la caméra du réalisateur, en jumelle maléfique, à la tête d’une entreprise de viande. La jeune fille, Mija, est jouée par Seo-Hyun Ahn, habituée des tournages, extraordinairement douée pour son âge. S’ajoute Jake Gyullenhaal en docteur fou et fourbe, méconnaissable. Sans oublier Paul Dano, surprenant Jay, activiste et leader d’un groupe de défense animale.

Comme pour Snowpiercer, Bong Joon-Ho nous fait découvrir son univers avec brio, sa touche coréenne qui mêle humour et drame, avec des effets visuels scotchants et une volonté de faire voyager le public au plus près des émotions de ses personnages… C’est, pour le dire de manière plus synthétique, notre Frankenstein de notre époque, avec une problématique alimentaire. Et peut-être moins répugnant.

Titre original : Okja

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Durée : 118 mn


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