Nord

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Avec ce snow-movie thérapeutique et terriblement touchant, Rune Denstad Langlo intègre le clan des cinéastes scandinaves maîtres dans l´art de la pensée faussement négative.

Du blanc à perte de vue. Une station de ski déserte. Au bas des remonte-pentes qu’il a pour tâche de surveiller, Jomar, fraichement largué, incapable de faire le deuil de ses années de gloire comme skieur professionnel, végète et s’empâte. Ses journées se suivent et se ressemblent – bière, cigarette et émissions catastrophes sur le câble – jusqu’à ce qu’un vieux pote lui apprenne l’existence d’un fils, quelque part au nord du pays.

Passé le choc de la nouvelle – il abat un arbre pour se calmer, s’imbibe un peu plus que d’habitude, fout le feu à sa cabane – Jomar enfourche sa moto-neige et part en quête de sa progéniture. En chemin, il rencontre une ado têtue, prête à l’héberger dans son placard à condition qu’il l’accepte comme « meilleure amie », un grand blond détenteur d’une méthode infaillible pour se saouler en un temps record (attention, scène culte), un vieil homme enchaîné à la glace en attendant la fonte des neiges et d’autres solitudes pas forcément mieux loties, qui lui enseigneront comment faire de mauvaise fortune bonheur.

Il y a quelque chose de magique à observer ce doux géant en Moon boots (magnifiquement joué par Anders Baasmo Christiansen) avancer à tâtons vers une nouvelle vie on ne peut plus hypothétique. Rien n’est jamais grave, tout est envisageable dans ce poème contemplatif. Même la dépression chronique des personnages – soulignée par la rareté des dialogues – est abordée avec ce qu’il faut de finesse et d’impertinence pour ne jamais tomber dans le pathos ou la caricature.

Avec ce snow-movie thérapeutique et terriblement touchant, le Norvégien Rune Denstad Langlo intègre avec brio le clan des documentaristes passés à la fiction et rappelle combien les cinéastes scandinaves sont maîtres dans l’art de la pensée faussement négative.

Titre original : North

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Durée : 78 mn


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