Love, et autres drogues

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Une comédie romantique dans les années 90 qui aurait dû sortir dans les années 90. Vingt ans de retard…

L’année cinématographique se termine doucement lorsque apparaît tout à coup avec Love, et autres drogues, un nouveau genre de film : la comédie romantique mutante. Possédant les caractéristiques devenues stéréotypes de la romance sirupeuse des années 90, le film dispose d’influences modernes mal fagotées nous laissant éternellement dans une réalisation se baladant dans un espace-temps approximatif.

L’histoire d’amour du jour se compose de Jamie, jeune et beau commercial pharmaceutique à succès qui enchaîne les ventes autant que les conquêtes et de Maggie, artiste à la tenue fripée et négligée atteinte d’une maladie grave. Tous les deux, amateurs de relations physiques sans lendemain et surtout sans émotion, commencent à se tripoter avant de faire vraiment connaissance et de tomber douloureusement amoureux. L’idée du scénario étant d’inverser l’ordre logique de la progression intime du couple en commençant par l’approche animale de ses deux protagonistes. D’ailleurs, Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway offrent leurs corps à la caméra et anéantissent les tabous de la comédie romantique vieillotte. Dans Love, et autres drogues, on voit tout et pas seulement des attributs féminins.

La volonté du réalisateur est donc de tenter de moderniser son histoire. Il y insère des personnages secondaires décalés et grivois et des dialogues grossiers en s’inspirant de la marque humoristique du moment, la touche Judd Apatow. Malheureusement, ça ne fonctionne pas. L’initiative ira jusqu’à coller, au personnage principal, un frère obèse et virulent imitant le fantastique Jonah Hill (Supergrave, Cyrus, American Trip) des productions Apatow. Comme si une marque d’hypermarché produisait son sous-acteur, c’est regardable mais peu appétissant. Des gags sexuels, des corps nus, des personnages principaux ambivalents pas forcément sympathiques, une histoire se déroulant au milieu d’une problématique politique sur le fonctionnement du système de la santé, on se croirait en 2010 et pourtant Love, et autres drogues a bel et bien l’apparence d’une comédie romantique des années 90. Anne Hathaway interprète une étonnante copie de Julia Roberts période mal coiffée sans avoir une once de son second degré et de sa folie douce pendant que Jake Gyllenhaal s’essaie à l’humour séducteur qu’il ne maîtrise que temporairement.

Le film aurait pu basculer dans la parodie jouissive et pertinente en détournant les codes du genre dont il s’assimile, mais finalement assume son aspect ancien annulant tout esprit d’originalité et d’inventivité comme l’atteste la scène finale, modèle type larmoyant de tout ce qu’on ne fait plus pour raconter une histoire d’amour.

Titre original : Love and Other Drugs

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Durée : 112 mn


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