Livres : « Dylan et le cinéma » et « Perec et le cinéma »

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Deux livres pour vos petits souliers

Dans la belle petite collection Le cinéma des poètes des Nouvelles éditions Place dont la directrice, Carole Aurouet, nous avait longuement parlé ici, voici les deux derniers nés qui rendent hommage à deux génies différents à tout point de vue, mais qui ont marqué leur siècle. Dylan et le cinéma d’Angel Quintana propose une recension du travail du récent Prix Nobel pour le cinéma, ou de son image utilisée par le cinéma notamment parce que ses concerts ont souvent été filmés, parce qu’il a joué dans certains films et surtout parce qu’il a réalisé lui-même un film qui n’a hélas pas connu de succès public, Renaldo et Clara. Ce petit livre nous en apprend beaucoup sur Bob Dylan, poète, troubadour et leader de la beat génération de l’autre côté de l’Atlantique et bien sûr adoré en Europe et notamment en France. Quatre axes composent cette étude qui analyse tout d’abord Dylan et le cinéma direct notamment par le travail de D. A. Penebaker et Howard Alk, auteurs fondamentaux du documentaire d’avant-garde américain des années 1960. Penebaker est l’auteur du documentaire Don’t look back sur la tournée anglaise de 1965. Howard Alk, créateur de l’avant-garde est l’auteur de Eat the document, qui transforme en une production d’avant-garde les images de la tournée de 1966. L’aspect de Dylan spectateur et aussi cinéphile n’est pas oublié dans sa dimension poétique notamment avec deux titres cités et très appréciés par le poète : Tirez sur le pianiste de Truffaut et, surtout, Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, qui a été le point de départ de Renaldo and Clara. Un Dylan vraiment méconnu surtout lorsque le livre aborde la carrière du chanteur poète en tant qu’acteur. L’œuvre la plus mythique de Dylan était Pat Garret et Billy the Kid de Sam Peckinpah où il joue un petit rôle et est aussi auteur de la musique du film. Il est acteur aussi dans Hearts of Fire (1987) de Richard Marquant. Et l’on peut continuer à faire de nombreuses découvertes en lisant Dylan et le cinéma, contribuant ainsi à asseoir un peu plus le talent et la notoriété de Bob Dylan au niveau du cinéma, ce qui est assez méconnu et digne d’être souligné.

Le deuxième ouvrage qui vient de paraître dans la collection, c’est Perec et le cinéma de Christelle Reggiani. On ne présente plus Georges Perec qui a marqué la littérature oulipienne du XXe siècle. Le livre revient sur une interview que l’écrivain a accordée en 1979 à Raffaella di Ambra dans laquelle il ne semble pas du tout renier l’art cinématographique qui est, reconnaîtra-t-il deux ans plus tard, un autre travail d’écriture. Il confiait d’ailleurs ensuite à Raffaella di Ambra : « Quant au cinéma, j’ai des projets, mais ce n’est pas mon univers ». Hélas ces projets ne resteront qu’en l’état puisqu’il mourra peu après, mais on ne peut que constater avec Christelle Reggiani que le cinéma existe dans la pratique de l’écriture de Georges Perec lorsqu’elle écrit, en citant bien sûr l’écrivain au passage : « On se propose donc d’éprouver la consistance, s’agissant de cette œuvre, de la notion d’écriture-cinéma – explicitement revendiquée, à propos de La Vie mode demploi, par l’auteur lui-même : « J’aime beaucoup les hyperréalistes et mon livre a un côté hyperréaliste. Mais je me crois surtout influencé par le cinéma et sa technique » –, dans la confrontation de l’indéniable présence du cinéma dans les textes, qui reconduit à la cinéphilie passionnée qui caractérisa un temps la vie de l’auteur, et de l’inaboutissement tendanciel, non moins indéniable, des projets cinématographiques régulièrement conçus, en dépit de la co-réalisation, avec Bernard Queysanne, d’Un homme qui dort (1974, prix Jean-Vigo) et de l’écriture du scénario et des dialogues de Série noire (1979) d’Alain Corneau, films sur lesquels il faudra bien entendu revenir. »

Deux petits ouvrages indispensables, à se faire offrir en cette période d’étrennes qui approche, vu leur coût modique.

 

Angel Quintana. Dylan et le cinéma. Nouvelles éditions Place, Paris, 2021. 112 pages. 10 euros.

Christelle Reggiani. Perec et le cinéma. Nouvelles éditions Place, Paris, 2021. 105 pages. 10 euros.

 

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